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SOUVENIRS

quelques-unes de leurs expressions et imité leur voix éraillée…

Au même étage, les marchands ambulants. Ceux-ci ne sont qu’un cri, du matin au soir. Ils bariolent les échos de leur voix aiguë. Et de quel ton ! Le ton, c’est tout. Ils chantent leur marchandise : V’là l’maquereau frais, v’là l’maquereau ! — en mineur ; À l’anguille de Seine, à l’anguille — sur une note plus gaie ; J’ai d’la carpe encore vivante ; Merlan à frire, à frire ; Marchand d’habits, chiffons ! Du mouron pour les p’tits oiseaux ! Vitrrrier ! Coupeur de chats, tondeur de chiens ! Qui n’a pas sa canne à papa ? Et les noms des journaux à grand tirage, hurlés sur les places, aux carrefours, le long des rues. Tout cela entre par la fenêtre, dès huit heures du matin, avec la voix d’un pauvre gueux qui chante : Grand Dieu, ta chaleur me pénètre ; tandis qu’un autre hurle quelques pas plus loin le Credo du paysan.

Et sur les boulevards, royaume des camelots : « Demandez la chanson du jour : Rentrons Mimi ; Je t’ai aimée ; Elle était souriante ; Quand tu parais ; La petite Breton-