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JOSEPH BARIL

écoulés, jours de mélancolie, jours de souffrance, — de souffrance et de bonheur infinis. »

Sa vie est dans ces deux mots, repris volontairement, unis, semble-t-il, pour en peser l’humaine compensation. Le mal qu’il endurait ne terrassa jamais sa volonté, ni son intelligence, ni sa foi. Il vécut heureux, épris de l’affection familiale où se calmait sa douleur. D’un cœur noble, il appréciait l’amitié où il voulait mettre la plus charmante discrétion. « Une amitié qui s’affiche, a-t-il écrit à quelqu’un qu’il aimait, est-ce une amitié sincère ? Croyez-vous réelles les affections imprimées et mises en volumes à cinquante sous l’exemplaire ? » Il causait volontiers, livrant ses rêves, ses hésitations, ses œuvres. Il était très au courant de l’actualité. Il suivait les manifestations de la vie canadienne avec tout l’éveil de sa pensée. Sa seule peine fut de ne pouvoir plus lire et, pour obéir au médecin, de se reposer encore vivant.

Le contraste entre nos mœurs américanisées et notre innéité française, qui fait le fond de sa philosophie et qu’il mit sans cesse en lumière pour le montrer comme un écueil