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SOUVENIRS

S’il est intéressant de voyager à l’étranger, d’y chercher de nouveaux spectacles, d’y vivre d’autres mœurs, on trouve chez soi d’admirables décors et les traits d’une existence simple.

Toute ma vie, j’ai rêvé de décrire notre pays, d’en tracer la « géographie cordiale », sinon poétique. Ne l’ai-je pas parcouru de l’est à l’ouest ? Au cours de ces voyages, je m’installais durant des heures — et même tard dans la nuit — sur le pont des transatlantiques qui nous portaient vers le Golfe ou nous ramenaient d’Europe ; je m’accoudais à la fenêtre d’un wagon, laissant glisser sur mes genoux le livre qui ne me retenait pas. Je tentais de surprendre les raisons géologiques de nos paysages ; j’admirais leur puissance et leurs couleurs. J’ai fixé quelques-uns de ces spectacles dans des notes diffuses comme les pâtes sur une palette.

Percé ! N’y allez pas, disais-je à mon retour ; mais quand vous y serez, restez-y. Le trajet paraît long, le train s’attarde à secourir les wagons à marchandises en dé-