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SOUVENIRS

La maladie a des phases dont voici les évolutions : indifférence, dédain affecté, secret désir et crainte de snobisme. Puis, on se penche pour ramasser — Oh ! rien, un « joli caillou ». On est pincé. Et c’est la période aiguë : on bourre ses poches, on recueille tout : des agates, de la vaisselle, et des poignées de porte. On redoute la concurrence. Des gens se lèvent tôt, pour profiter de la moisson. Enfin, vient la fièvre des manipulations, et le cauchemar du classement : on place dans des boîtes distinctes : les belles, les « vraies » ; les moindres, les plus sombres : les laides, « pour les donner », dit une jolie femme. Bientôt, l’œil s’habitue : on ne se penche plus, on pousse les pierres d’un bâton distrait. On dit à un compagnon novice : « Tiens, en voici une remarquable », et on la met dans sa poche. La fièvre baisse ; on passe vite et, naturellement, on trouve tout ce qu’on veut. Et, comme chaque agate représente une moyenne de vingt mouvements vers la terre, on a fait de l’agatothérapie.

Sur la plage encore, des pêcheurs : braves gens, et tenaces. Un peuple qui a longtemps souffert, qui garde de jolis mots et dont l’at-