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JOURS DE REPOS

Des fantaisistes, insurgés contre ce bateau, écrivirent, un soir d’été, cette prose rythmée :


Un bateau ? Ça, Monsieur ? Mais vous bateaudinez…
Le merveilleux tremplin pour l’homme politique !
Quel spot où placarder la réclame pratique :
Castoria, pour brother, ou d’autre nouveauté
Ou d’Heinz la cinquante-huitième variété…
C’est une porte encore : en anglais on dit gate :
Ou quelque énorme tube à pâte de Colgate.
… La marquise à l’œil velouté.
Sur la carte sourit à ce grain de beauté.
Dans l’éternel sanglot tranquillement bercée.
Pour ton rire, ô Molière, une chaise percée.
… C’est quand même un bateau : j’insiste davantage.
Vous ne voyez donc pas que c’est un camouflage !


Est-ce un bateau ?…

Et la mer ! Elle porte, le soir, de longs reflets violets qu’Adrien Hébert et d’autres artistes ont fixés. Elle est peuplée d’oiseaux qui vont des rochers à la vague, milliers de battements d’ailes et de cris perçants. Ils habitent, pour la plupart, à l’Île Bonaventure, perchés côte à côte dans de longs couloirs entre deux couches de roc : on dirait des guirlandes de marguerites.