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SOUVENIRS

Je bâtis nerveusement une allocution que j’appris par cœur. Je me récitais mon texte au bureau, chez moi, dans les rues. Je le relis aujourd’hui avec curiosité : c’est un honnête compliment, sans plus. J’évoquais, au début, ce jour des Amitiés françaises où Maurice Barrès conduisait le jeune Philippe visiter une basilique près de Domrémy. L’enfant, émerveillé d’entendre un prêtre expliquer les détails de l’architecture, réfléchit : « Faut-il qu’il soit effronté pour parler ainsi tout seul et tout haut. Toi, est-ce que tu oserais ? » Je m’excusais d’oser élever la voix après les hommes que l’on avait entendus et que je remerciais tour à tour comme l’exige ce genre d’éloquence.

Puis, j’essayais d’exprimer le ferment de notre résistance et de l’offrir en hommage à nos hôtes : « Le cœur empli de sa défaite, le paysan-soldat que nous avait donné la France pose son arme inutile et rêve à son malheur. Il est vaincu. Tout ce qu’il avait mis d’espérance dans sa patrie nouvelle s’évanouit brutalement. Modeste artisan de civilisation, il avait cet espoir magnifique d’assurer par son effort la conquête française. Il ne lui reste que