Page:Montpetit - Souvenirs tome II, 1949.djvu/58

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Qu’importe ! Gardez-les. Si c’est être trop pauvre en un siècle trop riche que d’y vivre avec ses illusions, s’il paraît ridicule, exalté, peu pratique, de croire à l’idéal, croyez-y quand même, portez à votre boutonnière cette « petite fleur au cœur d’or », dût-on vous appliquer ce vers étrange et profond dont je garderai toujours l’écho pour l’avoir entendu tomber des lèvres de Jean Richepin sur la tombe à peine fermée d’un de ses illustres amis :

Tu portes fièrement la honte d’être beau !

À L’Action, je me faisais reporter bénévole. J’y publiais quelques articles et les comptes rendus de conférences qui se donnaient à l’Alliance française, histoire de me faire la main. J’y prenais un plaisir qui me rappelait le temps où, étudiant à Paris, je rapportais de mes cours des moissons de notes que j’ordonnais avec patience.

Ne sachant pas la sténographie, je suivais le conférencier du plus près possible. J’accumulais des mots. Réfugié chez moi, je m’ef-