Page:Montpetit - Souvenirs tome II, 1949.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rayonnement que nous n’avons pas à nous excuser de mettre aujourd’hui nos artistes au premier plan de nos préoccupations et de nos espérances. »

L’art, expression du beau, vibration de l’âme, donne, dit encore le même auteur, « la force de tenir ». L’artiste est un producteur. Il rêve et enveloppe son rêve dans une forme qu’il choisit, et qu’il réalise avec amour, avec piété. Quelle leçon ! Il nous apprend que l’œuvre, quelle qu’elle soit, doit être exécutée vraiment, façonnée, travaillée, bâtie. Le sculpteur dresse la statue, corrige, revient, atténue, donne de la chaleur, de la vigueur ou du ton. Comme on voit bien l’œuvre sortir de sa pensée et sa pensée apparaître sous sa main, pétrie lentement, comme une chose précieuse. Puis, l’artiste ayant vivifié la beauté, nous la livre pour qu’elle opère en nous. Elle unit les cœurs dans un même culte. Elle suscite l’action. Quel écrivain, quel poète, n’a pas reçu le souffle de la musique et n’y a pas puisé le désir de créer à son tour, de s’abandonner à la fécondité de l’inspiration ? Mystérieux retour, par où l’artiste participe à l’œuvre de la nation.