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SOUVENIRS

Alors — avons-nous tellement changé ? — tout commençait et finissait par des banquets. Je n’y échappai pas. Peu avant mon départ, les anciens élèves de l’École des sciences sociales, économiques et politiques convoquèrent à l’Hôtel Windsor un auditoire imposant sous la présidence d’un des leurs, Me  Hector Perrier.

Il y eut de nombreux discours. On but au Canada, aux institutions d’enseignement, à la France, à la Belgique, à l’Université, et à l’amitié. Tour à tour le sénateur Raoul Dandurand, l’honorable Esiof Patenaude, l’honorable Athanase David, Fernand Rinfret, Monseigneur Piette, Hector Perrier, prirent la parole. Ils exaltèrent le Canada, notre province, la France, l’Université, l’École des sciences sociales. Tous terminaient leur allocution par des vœux de bon voyage et de succès.

Mon très regretté ami, Louis-Janvier Dalbis, tenait, à son habitude, un propos qui ne manquait pas d’humour. Il me présentait cette « vieille dame revêtue d’hermine », la Sorbonne. « Dites-lui que vous êtes étranger et elle vous écoutera ». Laissez de côté, poursuivait-il, vos arpents de neige, vos inépuisables forêts et vos mines insoupçonnées. Tout cela, la vieille dame le sait ; tenez-vous-en au signe coutumier de vos traditions par quoi, ayant duré et triomphé, vous êtes un témoignage : il vaincra l’attention émue d’un auditoire qui sera ravi de se reconnaître en vous.

Comment obéirais-je à vos conseils, répondis-je à M. Dalbis, et comment me bornerais-je à la tradition pure sans montrer les obstacles dont elle a dû triompher, précisément pour résister. On ne peut expliquer ce que nous sommes sans partir d’abord de la terre canadienne que nous avons