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ALLER ET RETOUR

nant quelques formules pour nous : le théâtre de petite dimension, art nouveau ; le restaurant-boîte, orné de mille choses agréables. Que ne tentons-nous cela ? Je vais vers la province, accomplir, comme d’habitude, des sortes de pèlerinages ainsi que je fis naguère pour le pays de Barrès, pour le Mont-Saint-Michel et Saint-Malo, pour l’Alsace. Je roule aujourd’hui vers Poitiers et Brouage.

***

Poitiers, par Versailles, Rambouillet, Chartres, Vendôme, Tours, Loudun, Châtellerault. En revenant : Tours, Blois, Orléans, Étampes et les collines qui encerclent Paris, agréablement.

Que de choses en une fois ! Depuis Tours, je prends place à côté du chauffeur. J’ai tout le pays à moi. Fiévreusement, en vitesse, je cherche à le saisir, pour le retenir et l’exprimer. J’analyse le regard d’ensemble par lequel on prend trop vaguement possession. Voici les coteaux typiques, chers à Maurice Barrès : plans inclinés légèrement qui vallonnent la région et où des vignes s’offrent au printemps. Elles sont dénudées sans même de feuilles. Des haies coupent la terre et limitent les propriétés, mais moins nombreuses que vers Niort ou Cherbourg. Des mouvements de peupliers, encore pâles, bornent l’horizon. Les fermes aux toits inclinés sont éparpillées. Élevage et culture, les deux sources vives de la France immortelle. Un coteau, à gauche, se resserre, plus sombre, bordé d’une rivière. Nous le longeons vers Poitiers. Il est de pierre et porte la ville.

J’étais passé peu avant. Je m’étais arrêté à l’hôtel d’Angleterre, le temps d’une tasse de thé. La ville ne m’avait rien dit. Je l’avais trouvée étroite, ancienne. Je m’étais dit d’ailleurs que je