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SOUVENIRS

Étampes, après la large plaine qui nous rappelle la terre canadienne et, à moi-même, mon pèlerinage au pays de Louis Veuillot. Paris, par la porte d’Orléans, auprès de la Maison des étudiants canadiens. Puis l’hôtel, prison anonyme.

***

Brouage. Étudiant, je passais mes vacances à Châtelaillon, près de la ville engloutie. J’allais souvent à La Rochelle. Je fus un jour à Rochefort où m’attirait le souvenir de Pierre Loti. Il me reste peu de cette course, sinon le goût de mille-feuilles débordants, comme jamais depuis je n’en ai mangés. J’aurais voulu me diriger vers Brouage, la ville natale de Champlain. Le cocher me demanda vingt francs. En ce temps-là, vingt francs, c’était de l’or, et, pour un étudiant, c’était beaucoup. Je renonçai au pèlerinage. Dans un grenier, qu’on est mal à vingt francs près.

Par Orléans, Tours, Saint-Maixent et Niort, je viens cette fois, dans l’auto de l’amitié, au château de Telouse, chez les Riedlinger. Construit vers 1860, blanc depuis la grille, élégant et français, le château, grâce à l’affabilité de ses hôtes, nous donne l’illusion de le posséder.

Nous discutons des promenades à faire dans les environs. Nous voyons le marais poitevin, une curiosité qu’André Siegfried m’avait conseillée, terre criblée de canaux, qui sont les rues du pays. Mille choses y passent dans des embarcations à fond plat : volailles, animaux de ferme, charges de légumes. Venise à Trianon. Vieux coin du Poitou. La maison du Midi, haute, à toit carré, l’envahit comme à Niort.

Et puis, racontant ma pénurie de jadis, je réclamai Rochefort-Brouage. La route jusqu’à Ro-