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PRÉSENCES


Bien des angles se referment sur le mot de patrie. Entend-on l’espace où un peuple vit et se déploie, ou l’intention qui traduit la volonté des hommes de se façonner un sort sur une terre commune ? N’est-ce pas aussi une pensée qui s’exprime, un recueillement, une méditation ?

Ces différents aspects, qui se révèlent partout, je voudrais les esquisser pour toi et avec toi, mon jeune ami.

***

Vois la terre d’abord. C’est le domaine des géographes. Plusieurs géographies s’offrent à la volonté par des intentions ou des degrés. On parle de géographie physique, de géographie humaine, de géographie cordiale. Maurice Bedel projette sa lentille sur mille hectares de poétique évocation des choses, des couleurs, des parfums qui exaltent la patience du labeur humain.

Je choisis délibérément cette poésie. On dira que je délaisse le souci de l’homme de science parce que je n’y atteindrais pas, que je n’arriverais pas à y atteindre, faute de savoir. On aura raison. J’ai tenté l’aventure à la suite de géographes amis, de Jean Brunhes, par exemple, et de Raoul Blanchard. Tous deux fondaient leurs conclusions — même de l’ordre humain, de l’ordre social — sur la géologie.

J’ai tâché d’apprendre les raisons d’être de notre décor ; les mouvements lointains, obscurs et