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SOUVENIRS

Aix-les-Bains et la Haute-Savoie ; et, le lendemain, Gênes s’étale devant la Méditerranée douce, presque mignarde, empressée par petits bonds réguliers vers la côte où elle amène des algues aux reflets de nacre. Dans le décor bougent des choses classiques : Pise, sa tour penchée et sa cathédrale : la Toscane royale ; la campagne romaine et le Latium d’où lève pour moi le droit que j’imposai à mes élèves ; Rome enfin, ses maisons pressées que surplombe l’aqueduc monumental. Mais pourquoi ces douaniers dans la nuit !

***

Me voilà dans l’éternité de Rome et j’écris face aux Thermes de Dioclétien avec mon stylo américain.

J’attends de voir la ville de jour pour éloigner une première impression désappointée. Peut-être aussi faut-il y vivre quelque temps et j’ai un guide excellent. Le chanoine Chartier respire Rome ; il en connaît les subtilités, le charme antique et le sens catholique. Il a publié un récit alerte et coloré de notre mission. Je me contente de quelques souvenirs d’un caractère familier.

À l’hôtel, qui porte un nom bien italien, Grand Continental Hôtel, je cherche par toute ma chambre un morceau de savon. Je descends à la réception et, dans l’ascenseur, je m’inquiète auprès du liftier : « Parlez-vous français ? » Ne m’avait-on pas dit qu’à Rome tout le monde comprenait le français ? Il me baragouine en anglais de m’adresser au portier. Celui-ci, à qui je parle tour à tour français et anglais, me répond dans un incroyable charabia et me donne la deuxième chose que je lui demande, du papier à lettre. Je cours au chef de service qui m’informe avec une grâce commerciale