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SOUVENIRS

fin du XIXe siècle, sur le rythme américain cette fois. Il fut composé des mêmes vagues humaines, moins fortes mais aussi variées. Nous recevons l’exode de l’Europe vers le monde promis à ses ambitions par des débauches de réclame. Jusque-là, les masses avaient dépassé le Canada, ses arpents de neige redoutables, pour s’abattre sur les États-Unis, à l’enivrante fortune.

Le courant vers l’Ouest canadien s’enfle et, à la veille de la guerre de 1914, les immigrants arrivent par centaines de mille chaque année. Le Canada cherche à détourner, à dérober la formule américaine, par la promesse de ses richesses, que les prospectus disent illimitées. Il présume que l’Ouest absorbera les nouveaux venus. Il s’y est préparé. Les chemins de fer attendent le voyageur. Mais le flot se divise en touchant la terre canadienne, plus exigeante, et une partie rebondit encore vers les États-Unis.

Puis, le mouvement s’atténue parce que le Canada, à l’exemple américain, prend des mesures pour l’endiguer ; et c’est, après l’appel frénétique à tous les appétits, la porte à peine entr’ouverte.

Le Canada s’est donc peuplé par l’accroissement naturel, qui a subi des fortunes diverses, et par l’immigration.

Suivant les affinités de race ou de religion, des groupes se forment. Peu nombreuse, la population du Canada est tout de même compartimentée. Les groupes détachés d’Europe se reconstituent. Ils accentuent le caractère de certaines régions. L’Est est français et anglo-saxon, l’Ouest, cosmopolite.

Mais les Canadiens français ne se sont pas confinés dans les limites du Québec. Le mouvement vers les quatre coins du Canada, esquissé à