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SOUVENIRS

c’est que des préjugés tenaces et d’aveugles ambitions l’obligent à refaire ses conquêtes.

Une aussi longue résistance suffit à l’honneur et, pour reprendre la pensée d’un homme politique canadien, trop tôt touché par la mort, Paul-Émile Lamarche, si l’uniforme de notre langue porte les traces de la bataille, c’est que, pendant près de deux siècles, il n’a cessé d’y être.

Ce mot, Messieurs, me ramène vers votre pays comme vers les raisons de votre sympathie à l’égard des nôtres. Le monde a suivi pendant des années, qui semblèrent aussi des siècles, d’autres uniformes engagés dans des batailles où la Belgique et le Canada combattaient sous le même commandement. Mes compatriotes sont accourus vers vous dès le premier appel, épousant votre cause parce qu’elle était juste. Plusieurs, qui reposent maintenant près de vous, écoutent en ce moment, dans le silence de votre terre reconquise, les mots qui les ont conduits sur la voix glorieuse. Plus grands que tous, c’est à eux que je veux confier ma dernière parole. Ils vous sont reconnaissants d’un hommage que vous leur avez rendu et que je ne fais qu’exprimer ; ils vous remercient d’avoir détaché de leurs croix de bois, pour l’accueillir parmi vous, la langue qui se souvient.

***

Je fus admis auprès du Roi qui me parla de notre pays et de quelques Canadiens qu’il avait reçus.

— Votre peuple a beaucoup fait pour la Belgique.

— Il l’a fait, Majesté, surtout pour vous et pour la Reine.

— Je ne manquerai pas de le lui dire.