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CONTES ET NOUVELLES

tre aperçue, s’imposa la tâche difficile et périlleuse de soigner le blessé, de le cacher et de le nourrir des fruits qu’elle allait cueillir dans la forêt.

Quand toutes les fortifications furent rasées, et que le bruit de leurs pas avertit Kahita du départ des troupes, elle se releva, le visage radieux, et respira longuement, puis, elle s’attarda à recueillir dans une grande feuille repliée en cornet, de petites baies sauvages. Elle revint ensuite vers son protégé, écarta les branches, qui lui servaient de couvertures et le contempla avec une ferveur religieuse. Le blessé s’éveilla. La jeune fille lui offrit quelques fruits, et tandis qu’il se rafraîchissait de cette collation, elle lui raconta tout d’un trait que le poste de Chouagen n’existait plus, que les troupes françaises s’étaient retirées, et que les Sauvages qui ne les avaient point suivies s’étaient débandés pour retourner dans leur pays. La route vers le fort George était momentanément libre, il fallait en profiter.