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Page:Montreuil - La vengeance d’une morte.djvu/102

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PETITE ARAIGNÉE

je voulus reprendre mon travail. Reconnaissante à la pauvrette d’un instant de rêve et d’oubli, je n’eus pas cette pensée, pour me débarrasser d’elle, de l’exterminer — sentiment naturel au cœur de l’homme, qui sacrifie sans pitié le jouet qui l’amusa hier, mais dont s’est lassé son caprice. Je soulevai la page à demi noircie d’encre, sur laquelle trottait la voyageuse, et fis doucement glisser celle-ci sur l’une des feuilles éparses encombrant ma table.

Étourdie, sans doute, par cette dégringolade que j’avais cependant atténuée de mon mieux, elle resta longuement immobile et… vrai ! je sentis quelque chose au cœur en pensant l’avoir tuée… Mais se relevant bientôt et sans rancune, plutôt téméraire, elle revint caracoler jusque sous les pieds mêmes de ma plume, qui grinçait en vain pour l’avertir du danger.

L’importune ! fis-je soudainement im-