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contes et nouvelles

La jeune fille était d’une sagesse indiscutée, et si elle montrait enfin une préférence, on pouvait croire que son cœur était sérieusement épris. Lucia le croyait aussi ; mais si elle aimait surtout la douceur tolérante, qui était la qualité dominante de Pierre, la fermeté dominatrice de Julien exerçait sur elle un mystérieux empire, dont elle ne savait pas se défendre.

Lorsqu’elle voyait le premier se plier sans conteste à ses moindres caprices, elle éprouvait comme un regret douloureux de l’avoir contristé ; mais quand Julien, sans avoir l’air de s’en apercevoir, lui imposait sa volonté, elle sentait une jouissance inexpliquée à être dominée par lui. Elle qui voyait tant d’hommes se courber à ses pieds, elle éprouvait un plaisir nouveau à contempler celui-là volontaire et dominateur, malgré la tendresse non dissimulée qu’il lui témoignait.