Page:Montreuil - Les Rêves morts, 1927 (deuxième édition).djvu/33

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SI VOUS ÉTIEZ

Si vous étiez la primevère
Eclose dans l’herbe, au matin,
Ou la vaine rose trémière
En son corselet de satin,
Je voudrais être la lumière
Ardente et pure du soleil
Ou la pensive jardinière
Qui vous cueillerait au réveil ;

Si dans un ruisseau qui murmure
Je sentais votre âme frémir,
J’y plongerais, je vous le jure,
Dussè-je en cette onde périr ;
Si vous étiez un beau feuillage,
Où l’automne eût mis ses tons d’or,
J’établirais mon ermitage
Dans la splendeur de ce décor ;

Si vous étiez le doux ramage
D’un oiseau chanteur dans les bois,
Je serais attentive et sage
Pour écouter longtemps sa voix.
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