Page:Montreuil - Les Rêves morts, 1927 (deuxième édition).djvu/41

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Et, bientôt, à son char attelant la vapeur,
Sur le gouffre conquis, il passait en voiture.
La machine soufflait, en grimpant au rocher,
Mais le génie aidait, dirigeait l’aventure,
Et le destin mauvais n’osa pas le toucher ;
Le soleil se leva sur la tâche achevée.
Il mit des boulons d’or au bout des lourds essieux,
Mêla des tons d’opale à la noire fumée…
Consacrant le travail par un baiser des cieux.
Une grave clameur monta de la vallée,
S’échappa des buissons, sortit du sein des bois Chanson
mystérieuse, adoucie et voilée…
De la nature, enfin, c’était la grande voix
Qui proclamait tout haut la victoire de l’homme.
Et, depuis ce jour-là, docile, au voyageur
Elle offre ses splendeurs, qu’il admire et qu’il nomme
Avec des mots choisis, interdit et songeur.
Quand je vous contemplais, grandioses montagnes,
Dans le rêve empourpré d’un beau soleil couchant,
Je songeais au destin des âmes, vos compagnes,
Qui, voilant un sanglot, font de leur plainte un chant.
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