Page:Montreuil - Les Rêves morts, 1927 (deuxième édition).djvu/44

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Pour que l’illusion de l’œuvre fut complète,
Au flanc de la montagne il a mis des géants,
Dont se profile au loin la haute silhouette :
Semblant se pavaner vainqueurs et triomphants,
Fantassins armurés, chevaliers gigantesques
Ont l’air de mépriser de modernes manants
Du haut de ces grandeurs antiques, pittoresques.
On dirait à les voir un monde de vivants !
Mais tout ceci n’est-il qu’un hasard, un caprice,
Un accident heureux du chaos primitif ?
Ou bien un pharaon, redoutant un complice,
Est-il, dans ce castel, venu, vindicatif,
User la haine dont il avait l’âme pleine ?…
Les colosses de pierre ont-ils, jadis, commu
Les charmes dangereux de quelque antique Hélène ?
Quelque dieu de l’Olympe est-il ici venu
Cacher à l’Empyrée une peine éternelle
Et demander à l’homme un remède à son mal ?
A-t-il, en s’en allant de cette cour mortelle,
Pétrifié les corps, de son souffle infernal ?
Ou bien, le Ciel a-t-il clos un pompeux théâtre
Et fixé les acteurs dans le drame émouvant ?
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