Page:Montreuil - Les Rêves morts, 1927 (deuxième édition).djvu/69

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Maud en m’apercevant dit : « Voyez mon amie ».
Elle agitait sa main, j’y vis briller l’éclair
D’un riche diamant. Comme une enfant ravie
Elle le contemplait tenant un doigt en l’air.
Aux oiseaux, à la nuit, au sable du rivage
Elle exhibait sa joie. En ce calme du bois
Maud avait dit : « Toujours » en acceptant ce gage.
Et pour me l’annoncer elle élevait la voix.
Perché sur un grand pin, derrière un jeune saule,
Se dessina, soudain, la forme d’un hibou.
Maud, d’un geste effaré, se pendit à l’épaule
Du soldat, son promis, tandis qu’un lent hou-hou
Attristait ce beau soir. Le fiancé, sans cause,
Vit que l’enfant bientôt se cachait pour pleurer.
Il dit : « Asseyons-nous. » Puis après une pause ;
"Voyons, pourquoi d’un rien ainsi vous apeurer ?…
Que ce beau soir de juin m’enveloppe de rêve,
Jusqu’au jour, incertain, où nous pourrons venir
Tous deux, comme à cette heure, errer sur cette grève
Je veux vous voir sourire en ce cher souvenir."
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