Page:Montreuil - Les Rêves morts, 1927 (deuxième édition).djvu/71

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Que sa fille n’est plus. "Sachez tout mon malheur,
Elle l’a perdu, lui, moi, je l’ai perdue, elle…
Ah ! quand il nous quitta, pour les deux, j’avais peur…

Le chagrin fut trop lourd, pourtant elle était forte…
A l’amour filial son cœur n’était pas sourd,
Mais l’autre était trop grand, celui dont elle est morte.
A son âme d’enfant le chagrin fut trop lourd !
Sitôt qu’on l’eut couché dans la terre de France,
Comme une frêle fleur, elle s’étiola,
Ah ! je la vis souvent pleurer en ma présence,
Et ses yeux alanguis me parlaient d’au-delà.
Elle repose enfin, dans sa toilette blanche.
Son front de dix-neuf ans que la mort a touché,
Son front de pureté sur l’oreiller se penche,
Comme un beau marbre blanc sur des roses couché.
Et je viens près de vous, ce soir, pour parler d’elle.
Vous avez, quelquefois, raillé ses rêves fous
Mais elle vous gardait une amitié fidèle
Et son cher souvenir à nous deux sera doux."

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