Page:Moréas - Esquisses et Souvenirs, 1908.djvu/84

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mérite ; mais n’avait-il pas aussi, au fond de son cœur, comme un pressentiment de sa destinée ? II songeait peut-être que la Comédie bourgeoise, où il excellait, doit obtenir sa récompense du vivant de l’auteur, et que se fier, en pareil cas, à la postérité, c’est bâtir sur le sable.

C’est pour ces raisons que je disais avec tristesse : La vie a trahi Henry Becque, je crains que la mort ne se moque de lui.

En écrivant ses polémiques, Becque s’exprime toujours dans l’amertume de son âme, malgré la certitude qu’il pouvait avoir d’être le premier de son temps dans le genre littéraire qui lui était échu. Vous voudriez qu’il y trouvât un sûr remède contre d’injustes attaques ; le moyen ?

Je vous le dis, les genres existent.

Réjouissons-nous cependant de voir la Parisienne reprise au théâtre, et la mémoire de Becque agitée un instant avec respect par quelques-uns de ses anciens détracteurs, précisément. C’est une fiche de consolation.

Je rencontrais souvent Henry Becque pendant les dernières années de sa vie. II me témoignait beau-