Page:Moréas - Iphigénie, 1910.djvu/161

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Faut-il que ce héros, en mutinant l’armée,
aille risquer sa vie avec sa renommée ?
Par ma seule vertu la Grèce en ce moment
de Pâris et de Troie obtient le châtiment.
Sur l’autel d’Artémis généreuse victime,
ma mère, de ta sœur je rachète le crime.
Je soulève les flots, les vents me sont soumis ;
j’honore mes parents, je perds nos ennemis.
Et tu veux que j’hésite et que je sois avare
de mes jours, que je dois aux ombres du Ténare ?
Pardonne, qu’ai-je dit ? Non, non, tu ne veux pas
que je cesse d’aimer mon illustre trépas.
Certes, je tiens de toi cette ardeur qui m’enflamme.
Reine d’Argos, ma mère, oui, je connais ton âme :
ce que de notre rang peut exiger l’honneur,
tu ne le cèdes pas au plus tendre bonheur.
Tu ne souffriras point que mon père revienne
parjure à son serment dans l’antique Mycène.
A l’esclave doit-il, l’homme libre, obéir,
et Pâris pourra donc de son crime jouir