Page:Moréas - Iphigénie, 1910.djvu/183

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Mais ta fille, avançant, lui dit : " me voici prête,
je l’ai bien résolu ; sans regret, sans émoi,
je veux donner mes jours pour la Grèce et pour toi.
Sèche, sèche ces pleurs dans tes yeux ô mon père !
J’approche de l’autel, victime volontaire.
Va couvrir d’un laurier ton spectre fortuné
et reviens sur les bords où ton aïeul est né.
Sans que personne ici me fasse violence,
je tends au fer mon cou, d’un cœur ferme, en silence. "
alors, tous, à ces mots, admirent la valeur,
ô reine, de ta fille et plaignent ton malheur.
Du prophète Calchas la figure assombrie
domine l’assemblée, il se recueille, il prie.
Puis il place le glaive aux tranchants acérés
dans la corbeille d’or entre les grains sacrés,
et couronne le front de la vierge immobile.
L’arbitre des combats, le magnanime Achille,
dont le dessein hardi cède à la volonté
extrême de ta fille, a sur l’autel porté
l’eau lustrale, et la verse, et s’écrie : " ô déesse,