Page:Moréas - Iphigénie, 1910.djvu/59

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Ses hauts cris véhéments, ses silences perfides,
excitant la fureur même des plus timides,
nous périssons tous deux ; et le triste destin
de mon Iphigénie en sera plus certain.
Et si, gagnant Argos, je pense me soustraire
a leur inimitié, bien follement j’espère,
car leur force alliée accourra sur mes pas.
Ils viendront ravager ma ville et mes états,
et de nos vieux palais la fumante poussière
servira de linceul à ma famille entière.
Ah ! Cessons de gémir, et d’espérer surtout !
Je trouble vainement ces rives résonnantes.
Ma fille, mon enfant, les Parques innocentes
ont filé ton martyre et mon deuil jusqu’au bout.
Ménélas, je te prie et t’en supplie encore,
obtiens du moins, obtiens que Clytemnestre ignore
jusqu’au dernier moment sa perte et nos malheurs,
et tu m’épargneras le surplus de mes pleurs.
Vous, filles de Chalcis, qui voyez ma souffrance,
gardez sur tout ceci le plus discret silence.