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Page:Moréas - Trois Contes, 1921.djvu/44

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Le roi les écoutait ravi, car leurs voix étaient douces et bien timbrées.

Après avoir chanté, les deux damoiselles s’agenouillèrent devant le roi en demandant congé. Et le roi l’accorda, quoique à regret.

Bientôt, le roi et ses compagnons montèrent à cheval et quittèrent messer Neri pour retourner chez eux. Le roi cachait sa passion, qui allait, en vérité, à la belle Ginevra : mais, il n’y avait pas d’affaire, tant grave fût-elle, capable de lui faire oublier la beauté de la jeune fille. Aussi, il n’était jamais à court de prétextes lui permettant de visiter messer Neri et de voir sa fille. Et quand il s’est senti tenu par l’Amour comme un oiseau qui s’est englué les ailes, il délibéra d’enlever la belle Ginevra, et il découvrit son dessein à son confident, le comte Guido, qui lui répondit, en seigneur sage et vertueux :

— Je m’étonne, Sire, de vous entendre