Page:Moréas - Trois Nouveaux Contes de la vieille France, 1921.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
Trois Nouveaux Contes

c’était le nom de la jouvencelle, ils vivaient volontiers ensemble ; et étant encore dans l’enfance, ils passaient les heures à se promener dans le verger, à jouer à cache-cache et à poursuivre les papillons. Souvent ils se prenaient par les mains et ils se baisaient en riant sur les deux joues.

Avec l’âge, leur amitié s’accrut ; et à la vérité, Nature y apporta du changement. Mais ils ne se doutaient de rien, tant il y avait de l’innocence dans leurs âmes. Le jeune homme allait à la pêche ou montait à cheval ; la jeune fille s’amusait à la maison à quelque ouvrage de tapisserie. Puis ils se revoyaient avec joie, et le temps passait.

Cependant Émeraude laissait parfois son aiguille pour rêver, et Léonatus