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ESCLAVAGE COLONIAL.


peine à recouvrer la liberté tous les actes qui ont institué ces compagnies leur enjoignaient d’y faire passer des Européens libres, dont l’engagement ne devait pas durer plus de trois ans.

Sous Louis XIII, les colons sollicitèrent une loi qui leur permît l’usage des esclaves noirs ; mais ce monarque refusa son assentiment aux pressantes sollicitations qui lui furent faites, ne voulant point introduire dans ses états un système d’iniquités aussi étrange, ni charger sa conscience des crimes qui pouvaient en résulter. Le cardinal de Richelieu, moins scrupuleux, ne pouvant obtenir l’adhésion du roi pour introduire la traite des noirs, que plusieurs nations de l’Europe faisaient depuis long-temps, encouragea, au moins par son silence, les compagnies qu’il protégeait à faire entrer frauduleusement des nègres dans les colonies. C’est à tort que plusieurs écrivains ont accusé Louis XIII d’avoir procuré ce trafic à la France ; c’est Richelieu seul qui est coupable d’avoir favorisé son introduction. Ce commerce était déjà considérable, lorsque Louis XIV légalisa son existence par un édit du 26 août 1670, qui accorde une prime à l’importation des noirs.

Ce dernier souverain, en autorisant l’usage des esclaves dans les colonies, n’eut jamais l’intention d’assimiler les noirs à la bête de somme, ni de les abandonner sans réserve à l’arbitraire d’un