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S. Placide & ſes compagnons, que S. Benoît avoit envoyer dans la Sicile. Mais cela ne ſauroit s’accorder avec la Chronologie, parce que ce S. Religieux fut martyriſé l’année 541. ſous l’Empire de Juſtinien, & ce Roi des Perſes mourut l’an 217. de l'Egire, qui eſt le 833. du ſalut, après en avoir regné huit & ajouté pluſieurs grands Royaumes à ſon Empire. * Mirkond, Chronolog &c.

ABDALA, fils d’Aben Maugi Roi des Sarazins d’Afrique, ayant été déthrôné par les armes & les artifices de ſon propre frere, eut recours à la bonté de Charlemagne, qui lui donna le moyen de chaſſer l’uſurpateur de ſon thrône. * Dupleix, Hiſt. de France.

ABDALA, Roi de Tolede, qui épouſa Tirefie fille de Wermond Prince de Leon, laquelle ſauva ſon païs par cette alliance ſi diſproportionnée. Auſſi elle en eut tant de déplaiſir, qu’après la mort de ce mari Mahometan, elle ſe retira dans un Monaſtere, où elle paſſa le reſte de ſes jours dans la pratique d’une vertu très-exemplaire.

ABDALA, fils de Lope Roi de Tolede, ayant été obligé de ſuivre ſon pere, que Mahomet avoit chaſſé de ſes États, fit depuis ſi bien qu’il reprit Saragoſſe ſur l’uſurpateur de ſon thrône, où il regna avec ſa pofterité, malgré les deſſeins du même Mahomet, & d’Alphonſe III. Roi d’Oviedo. Il fit même des conquêtes ſur les Chrétiens, & il fut eſtimé par ſon courage & par ſa conduite. * Mariana, Hiſt. Hiſp.

ABDALA, Roi de Tremecen, ſucceda à ſon frere Buhamu, que les Eſpagnols avoient remis ſur le thrône, en leur payant toute ſa vie une reconnoiſſance qu’il leur avoit promiſe. Mais ſon ſucceſſeur, à la perſuaſion de quelques Alfaquis, & de Barberouſſe, qui l’aſſûroit de la protection du Grand Seigneur, rompit ce traité, ſans vouloir rien payer. Après ſa mort, on mit ſon jeune fils ſur le thrône. Abdala, qui étoit l’aîné, eut recours à l’Empereur Charles Quint, & s’oſſrit d’être ſon vaſſal, aux mêmes conditions que ſon ayeul. De ſorte que cet Empereur manda au Comte d’Alcaudete Gouverneur d’Oran, de lui donner ſix cens ſoldats, pour les conduire à Tremecen : Mais ils furent tous tuez, excepté vingt-cinq. Depuis, Charles Quint ayant donné ordre à ce Comte, de le remettre ſur le thrône, il marcha avec plus de neuf mille hommes, & ayant remporté la victoire, il la pouſſa juſques dans Tremecen, qu’on ſaccagea. Enſuite on pourſuivit les ennemis, qui ſe cantonnoient dans les montagnes du Royaume. Et comme Abdala penſoit rentrer dans la ville, les habitans indignez du ſac, & des deſordres, que les Eſpagnols avoient faits dans tout le païs, lui fermerent la porte. Il s’approcha des murailles pour les appaiſer, mais voyant qu’on lui faiſoit la ſourde oreille, & que ſes gens mêmes l’abandonnoient, il prit la route des deſerts, avec ſoixante chevaux, pour émouvoir les Arabes de ſon parti, qui le tuerent depuis en trahiſon, l’an 1546. * Marmol, li. 5. ch. 11.

ABDALA I. Calife des Arabes, voulant monter ſur le thrône, après la mort de Jezid ſon frére, y trouva des obſtacles dans la haine des peuples, qui avoient ſa maiſon en horreur. Mais ayant mis des troupes en campagne, il marcha contre Maruan, que ſes ſujets reconnoiſſoient pour Souverain, & le tua dans la premiere bataille. Mais ayant voulu pourſuivre Abdulmaric fils de Maruan, il fut déſait ſur les rives de l’Euphrate, par Jafar Capitaine de ſon rival, & contraint de ſe retirer à Damas, où on ne voulut point le recevoir. La même diſgrace lui étant arrivée au Caire, il s’embarqua ſecrettement avec un de ſes ſerviteurs, pour paſſer en Grece ; & la tempête l’ayant jetté dans une lſle, il fut reconnu & tué, après avoir regné un an, qui étoit le 686. du ſalut. * Marmol, li. 2. c. 8.

ABDALA II. Calife des Arabes, ayant appris dans la Meque, qu’un autre Abdala fils d’Ali avoit été élû Calife en Syrie, fit tous ſes efforts pour s’oppoſer à ſes deſſeins, & pour ſe défaire en même tems d’Amir, qui étoit un autre de ſes Competiteurs, & qui étoit maître de toute la Perſe. Pour cela ayant engagé le premier à le venir voir, ſous prétexte d’une conference, il le reçût avec grand appareil ; mais il le logea dans un appartement, dont il avoit fait ſaper les fondemens, & qui l’écraſa la nuit par ſa chute. En ſuite conſiderant la difficulté qu’il auroit de vaincre Amir, il l’envoya reconnoître pour Calife, & lui preſenter l’épée & les brodequins de Mahomet, qui ſont la marque de cette dignité. Sur quoi l’autre l’étant venu trouver avec cinq mille chevaux, ils ſe retirerent tous deux un peu à l’écart, pour s’entretenir, & Abdala le poignarda ; puis ayant mis en fuite les Perſes, il ſe rendit maître de leur païs. Il tourna après cela ſa rage contre ſes ſujets Chrétiens, & redoublant leurs tributs, il vendit tous les biens Eccleſiaſtiques, enleva tous les meubles ſacrez, & défendit aux Prêtres de celebrer la Meſſe, & d’enſeigner la doctrine Chrétienne. Il envoya encore ſes armées contre Leon IV. qui avoit ſuccedé à Conſtantin Copronyme ; qui firent de grands ravages dans la Romanie, & la Cappadoce. Etant allé à Jeruſalem, il voulut que les Chrétiens, & les Juifs ſe fiſſent des marques ſur la main pour être reconnus ; & que ceux qui ſeroient trouvez ſans cette marque fuſſent mis dans les fers. Il mourut l’an 781. * Marmol, li. 2. ch. 19.

ABDALA, ſurnommé Mulei, Cherif de Maroc, ſe rendit maître avec ſon pere, du Cap d’Aguer, que les Portugais tenoient dans l’Afrique ; & donna des marques de bravoure, durant la guerre qu’ils furent obligez de ſoûtenir contre les ennemis de leur État. Il regna depuis ſeul, & laiſſa un fils qu’il avoit eu d’une Negre, qui regna après lui. Paul Jove, li. 7. Marmol, &c.

ABDALA, Prince Mahometan, & célebre par ſes entrepriſes. & par ſes deſſeins, durant la guerre des Cherifs en Afrique. Il fit alliance avec Philippe III. Roi d’Eſpagne, par le moyen de Janetin Mortara Génois, l’an 1607. & fut aſſaſſiné deux années après par l’artifice d’un Santon ou Religieux Mahometan, nommé Sidi Hamet Ben Abdala, magicien, que Mulei Zidan oncle & ennemi d’Abdala avoit fait agir.

ABDALA, pere de Mahomet, étoit un miſerable eſclave, qui gagnoit ſa vie en conduiſant les chameaux des Marchands : & qui n’eſt connu que pour avoir mis au monde ce fameux Impoſteur, qui a trompé tant de peuples. Il étoit Payen, & épouſa Emira Juiſve. * Paul Diacre, Theophanes, Zonaras, Cedrenus, Baronius An. Ch. 630.

ABDALA, Alfaqui ou prédicateur Mahometan, de la Secte de ceux que les Arabes appellent Mohaydins, ſe ſouleva l’année 1543. contre le Cherif Mahamet, qui étoit Roi de Maroc, & aſſembla pluſieurs Barbares ſur la montagne de Nefuſa, qui eſt une branche du grand Atlas, qu’on nomme maintenant Derenderen, ou Adren. Le Cherif envoya des troupes contre ce rebelle, qu’on croyoit un des plus grands magiciens de l’Afrique. Car les gens de guerre qui montoient ſur le roc, où il s’étoit retiré, trouvoient ſur le chemin des moutons égorgez, dont la laine étoit grillée, les pieds coupez, & mis dans leurs yeux, avec d’autres ſortileges, aux paſſages difficiles. Mais les Chrétiens qui étoient dans ſes troupes, s’en moquoient & les brûlerent. Ce qui fit dire à Abdala que ce n’étoient pas les Maures qui l’avoient vaincu, mais les Chrétiens, n’ayant pas eu la penſée de ſaire des enchantemens contre eux. Il fut pris, & on lui promit de le renvoyer dans le Royaume de Fez, avec ſa ſuite & ſes enfans ; mais nonobſtant cette promeſſe, le Cherif lui fit couper la tête * Marmol, liv. 3. ch. 43.

ABDALA, ſurnommé le Mohavedin, natif de Tenmellet en Barbarie & maître d’école des montagnes du grand Atlas, fut Auteur de la Secte des Mohavedins, c’eſt-à-dire, des Unitaires. Il fut eſtimé par ſes Sermons, qui lui acquirent l’affection & l’eſtime des Afriquains de la Tribu de Muçamuda, dont il étoit. Après avoir aſſemblé grand nombre de peuples, il eut l’inſolence de s’attaquer à Abraham Empereur des Maures en Afrique, lequel ayant négligé d’étouffer cette rebellion dans ſa naiſſance, ſe vit arracher & la couronne, & la vie, par les pourſuites d’Abdul-Mumen, Chef de ſes troupes, qui avoient trop de créance à l’Impofteur dont nous parlons. * Marmol, li. 2. c. 33. De Thou, Hiſt.

ABDALA, ou Abdelaſis, brave guerrier Maure, donna ſouvent des marques de ſon courage en combattant pour le Turc l’an 1550. Mais ayant été mal-traité par les Gouverneurs des Ottomans, il leur fit une cruelle guerre, & fut enfin tué, les armes à la main. * Marmol, li. 5. c. 68.

ABDALA-ABEN-ABO de Medina, fut élû en 1570 Roi de Grenade par les Maures d’Eſpagne. Ils s’étoient révoltez contre Philippe II. & avoient élû Aben-Humeya, avec le titre de Roi de Grenade & d’Andalouſie, mais ce malheureux fut égorgé par les ſiens, de la maniere que je le dis en parlant de lui. Abdala-Aben-Abo de Medina fut mis à ſa place. Il avoit du courage & de la conduite, on eſpera beaucoup de lui, & on ne l’eſpera pas vainement. Il commença par aſſieger la ville d’Orgiva, & non ſeulement il l’emporta en très-peu de tems, mais encore il repouſſa les troupes du Duc de Seca, qui ſe vit contraint de ſe retirer après avoir bien perdu de ſes gens. Ces avantages lui acquirent tout le païs aux environs d’Almançora Filabre, & le territoire de Baça. Il n’y avoit que Seros & Tijola qui reſtoient, villes du Marquis de Villaine, & l’on croyoit que Tijola étoit imprenable par ſa ſituation, mais il y avoit faute d’eau. Seros ſe rendit à Abdala, qui y trouva quarante pieces de canon, & Tijola ſuivit cet exemple, auſſi bien que la foſſe de Malaça. Ce furent là preſque les dernieres conquêtes d’ Abdala ; il perdit Guejar qui étoit ſa place d’armes, fit diverſes entrepriſes ſans ſuccès & perit miſerablement. * Mariana, Hiſt. Hiſp. De Thou, Hiſt. li. 48.

ABDALMUTALIB, Arabe, ayeul de Mahomet. Il eſt célebre, pour avoir été l’homme le mieux fait de ſon tems. * Pierre de Cluny.

ABDAR, nom de l’Oſſicier du Roi de Perſe, qui lui ſert de l’eau à boire, & qui la garde dans une cruche cachetée, de peur que l’on n’y mêle du poiſon *Olearius. Voyage de Perſe. SUP.

ABDAS, ſaint Prélat de Perſe, qui démolit un Temple du Feu, adoré parmi les Perſes. Cette action lui attira la haine du Roi, qui le fit mourir, & ruina toutes les Egliſes des Chrétiens. * Theodoret, li. 5. ch. 39. Hiſ ’t. Eccl.

[ABDE-CHALAAM, Martyr Perſan, du IV. Siecle. Sozomene, Hiſt. Eccleſ. Liv. II. c. 10.]

ABDELARIS. Cherchez Abdala.

ABDELATIFE, Grand Kam des Tartares, le dernier de la famille de Chinguis, & qui ſe diſoit ſorti de ce fameux Tamerlan, qui fit trembler lſ ’Empire des Ottomans. Il mourut l’an 1542. *Texeira, General de los Reyes de Perſa, li. 2. ch. 58.

ABDEL-CADER, ayant été mis ſur le thrône de Maroc par les Almuhades, après la mort de Céyed leur Roi, fut bien-tôt contraint de le quitter par la violence des guerres civiles, qui l’obligerent de prendre la fuite du côté de Segelmeſſe, ville de Numidie, où il fut aſſaſſiné par un Capitaine de Budobuz, uſurpateur de la Couronne. *Garibay, li. 26. Jean Leon, part. 1.

ABDEL-CADER, ſixiéme Roi de Maroc, de la race des Almohades, ſucceda à ſon neveu Céyed Barrax en 1213. mais il fut obligé de partager l’Empire avec d’autres de ſes parens : ce qui fit naître pluſieurs Souverains. Ces Princes Almohades perdirent la bataille contre Abdulac Gouverneur de Fez : & Abdel-cader fut tué en fuite par un des Chefs de Mahamet Budobuz, oncle de Céyed, qui pretendoit à la Couronne. *Marmol, de l’Afrique, l. 2. SUP.

ABDELMONE, fils d’un ſimple potier, agit ſi bien qu’il ſe rendit maître d’une grande partie de l’Afrique, comme un Aſtrologue le lui avoit predit. Il ſe joignit premierement à un de ces Religieux Mahometans, qu’ils appellent Almohadis, & s’étant mêlé d’expliquer l’Alcoran, ſans vouloir ſe tenir aux ſentimens du grand Muphti des Arabes, qui eſt le Calife de Baldac, qu’on croit deſcendu de Mahomet ; il abuſa ſi bien le peuple, qu’avec ſon ſecours il envahit le Royaume des Almoravides ; après avoir tué Abbady, qui en étoit le ſucceſſeur legitime. Depuis il paſſa en Eſpagne, où ayant attiré les Maures à ſa créance, il exerça des cruautez inouïes contre

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