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dulach, qui a été le dernier, fut tué par ſon Vizir. Le Cherif Said, de la famille des Oatazes, prit les armes & vengea la mort du Roi, dans une bataille donnée en 1481. On dit que cet Abdulach dernier de cette famille des Merinis, Roi de Fez, fut ſi lâche, qu’il ne ſe ſoucia jamais de s’oppoſer à l’armée des Chrétiens, qui prit Ceute. Ce qui lui attira ſi fort la haine de ſes Sujets, qu’ils conjurerent contre lui ; & ſon Vizir, qu’il avoit toûjours beaucoup favoriſé, le tua avec ſîx de ſes fils. *Marmol, de l’Afrique li. 4. c. 55.

ABDULASlS, Gouverneur en Eſpagne pour les Arabes, fit ſon ſejour à Seville ; & ayant attire pluſieurs de ſes amis d’Afrique, lorſqu’il eut appris la mort de ſon pere Muça, il ſe fit reconnoître par tout. On croit qu’ayant fait tous ſes efforts pour chaſſer du païs les Chrétiens, il épouſa la veuve du Roi Rodrigue, qui étoit une belle Afriquaine de grande naiſſance. Ce ſut elle qui lui conſeilla de ſe faire appeller Roi, & lui mit une couronne d’or ſur la tête ; mais ayant été apperçû par deux Arabes de condition, ils eurent ſi fort en horreur une choſe défenduë par la loi de Mahomet, qu’ils l’aſſaſſinerent dans une Moſquée, & puis ſa femme. *Marmol, li. 2. ch. 12.

ABDULMALlCH, s’étant emparé de ce que les Arabes tenoient en Eſpagne, paſſa en Afrique pour continuer le ſiege de Tanger, & l’ayant priſe fit main baſſe ſur la plûpart des habitans, & aſſujettit pluſieurs autres places. Ayant ſçû qu’Abeci s’étoit fait Roi de Cordouë, il rebrouſſa chemin & le tua. Il avoit avec lui grand nombre d’Arabes, qui l’avoient ſuivi d’Afrique, leſquels s’habituerent en Eſpagne, & y bâtirent pluſieurs places. Enſuite il alla aſſiéger Carthagene, qui tenoit encore pour les Chrétiens, & l’ayant priſe, il mourut en retournant à Cordouë. *Marmol, li. 2. ch. 14.

ABDULMALICH, ſe fit Calife des Arabes en Eſpagne, & ayant un competiteur à Cordouë, il lui fit la guerre. Ce dernier nommé Habul Agek ayant été vaincu, attira un ſi fort ſecours d’Afrique, qu’il fit forcer Abdulmalich par un de ſes Capitaines ; & ayant été pris il eut la tête coupée * Marmol, li. 2. ch. 14.

ABDULMALICH, fils du Roi de Fez, paſſa en Eſpagne pour donner ſecours au Roi de Grenade, contre les Princes Chrétiens de Caſtille & de Leon. Après de grands exploits dans ce Royaume, il fut rappellé par ſon pere, qui avoit guerre contre le Roi de Tremecen, & qui gagna ce Royaume avec celui de Tunis ; & devint un des plus puiſſans Princes, qui ayent regné en Afrique. Enſuite il voulut revenir en Eſpagne. Abdulmalich y ayant paſſé le premier, après quelques deſavantages, fut ſurpris par la Nobleſſe & par les troupes des ennemis, & n’ayant pas le tems de monter à cheval, ſe ſauva à pied. Mais comme il craignoit d’être reconnu, il ſe cacha dans des ronces, où ſe voyant découvert il contrefit le mort en vain, car un Chrétien en paſſant lui donna deux coups de lance. Lorſqu’il ne vit plus perſonne, il ſe releva avec peine, & rendit l’eſprit près d’un ruiſſeau, l’an 1339. *Marmol, li. 2. ch. 28.

ABDULMALICH, frere de Mulei Hafcen, ſe rendit maître de Tunis & de l’Etat, en chaſſa ſon néveu, qu’il fit aveugler avec un baſſin ardent, qu’on lui mit devant les yeux, pour le punir de la barbarie, qu’il avoit euë de faire ſouffrir la même peine à celui, qui lui avoit donné la vie. Il ne regna que 36. jours. * Marmol, li. 6. ch. 16.

ABDULMALICH, fils de Marvan, ſeptiéme Calife, ou ſucceſſeur de Mahomet, commença à regner en 687. après avoir gagné la bataille contre Abdala, qui fut tué dans une Iſle, où la tempête l’avoit jetté, pendant qu’il fuyoit en Grece. Il s’appliqua d’abord à exterminer tout ce qui pouvoit reſter de la famille de Moavia, pere de Jézid & d’Abdala, qui avoient regné avant lui ; & fit déterrer le corps de Jézid qu’il brûla, & en jetta les cendres dans la rivière. Aben Taamon, qui ſelon quelques-uns étoit frere de Jézid & d’Abdala, ſe ſauva en Afrique, & paſſa dans la Barbarie Occidentale où ſachant qu’il étoit de la race des Califes de Syrie, on le reconnut pour Prince. Y ayant établi ſa puiſſance & ſa ſecte, il ſe fit appeller Amir el Moſélémin, c’eſt-à-dire, Empereur des Enfans du ſalut : & Abdulmalich ne pût envoyer une armée contre lui, parce qu’il étoit occupé à ſe défendre contre Didaco, lequel avoit pris la ville de Damas, & s’alloit faire reconnoître Calife, s’il n’eut été emporté de la peſte qui déſola toute la Syrie. Cependant Muctar, qui s’étoit rendu maître de la Perſe, aſpiroit à l’Empire de tous les Arabes : mais il fut tué, dans la bataille, qu’il donna contre Abdala Chef des Sarrazins Scenites, c’eſt à dire, habitans ſous des tentes. Celui-ci ſe fit appeller Calife de Meſopotamie, & conquit la Perſe, dont il ne jouït pas long-tems : car Abdulmalich l’obligea de chercher une retraite à la Meque, où il fut pris & tué. Par cette victoire, Abdulmalich ſe vit maître abſolu de l’Arabie, de la Perſe, de la Meſopotamie, & de l’Armenie. L’an 699. il prit Carthage en Afrique, puis Conſtantine, & la plus grande partie de la Mauritanie, où les Arabes ſe fortifierent tellement contre les troupes de l’Empereur de Conſtantinople, qu’ils s’aſſujettirent toute la Barbarie. En 700. il reconquit l’Arménie, que l’Empereur avoit réduite ſous ſa puiſſance, par la trahiſon des principaux qui s’étoient révoltez, & avoient maſſacré tous les Arabes qui étoient dans leur Province. Pour punir cette perfidie, il brûla tous les Chefs de la rebellion, dans une grande tour où il les avoit enfermez. Enfin il mourut après avoir regné vingt & un an ; & ſon fils Gualid lui fucceda en 708. * Marmol, de l’Afrique, l. 2. SUP.

ABDUL-MUMEN Roi des Sarrazins en Afrique, fut élevé ſur le thrône après la mort d’Abdala, Auteur de la ſecte des Mohavedins. C’eft cet Abdala dont j’ai déja parlé, lequel de Maître d’école & de Prêcheur qu’il étoit, ſe rendit ſi puiſſant, qu’Abraham Empereur des Maures en Afrique, après l’avoir long-tems mépriſé, fut enfin contraint de lui donner bataille. Mais l’ayant perduë, & les portes d’Agmer lui étant fermées après ſa défaite, il fut obligé de ſe retirer à Oran. Abdul-Mumen le pourſuivit & l’obligea de ſe précipiter de deſeſpoir avec ſa femme. Après cela, le même Abdul-Mumen, ayant trouvé mort de maladie Abdala, fut reconnû Pontife & Empereur d’Afrique, quoi qu’il ne fût comme l’autre, qu’un miſerable Maître d’école. Il mit le ſiege devant Maroc, qu’il ne prit qu’un an après, & y ayant trouvé Iſaac fils du malheureux Abraham, il l’étrangla de ſa propre main. Il fit même démolir les Palais du Roi & les Moſquées, pour ne laiſſer aucune mémoire de leur fondateur ; après quoi il fit rebâtir en leurs places de ſomptueux édifices en fon nom. Il perſecuta enſuite tous ceux qui étoient de la lignée des Almoravides de ſorte qu’il n’en reſta pas un en toute l’Afrique, qui vint à ſa connoiſſance, ou de ſes Officiers. Ainſi après avoir éteint toute cette race, il ſe rendit maître d’une grande partie de l’Afrique, & étendit ſon Empire juſques à Tripoli. Il préparoit une puiſſante armée, pour la conduire lui-même en Eſpagne, quand il mourut l’an 1156. Après lui, Joſeph ſon fils & Jacob Almanzor ſon petit-fils, qui joignit à la grandeur de ſa ſortune la connoiſſance des Sciences, qui n’ont jamais été ſi floriſſantes en Afrique, & le fils d’Almanzor Mahomet Enacer, ſurnommé Miramulin, poffederent une grande étenduë de païs, non ſeulement en Afrique, mais encore en Eſpagne, où ce dernier perdit une bataille en 1100. comme je le marque ailleurs. * Marmol, l. 2 ch 34. Mariana, Hiſt. d’Eſp. De Thou, Hiſt. li. 7.

ABDUL-MUMEN, premier Roi de Maroc, de la race des Almohades, fut élû Roi après la mort d’Abdala, dont il étoit le Géneral d’armée. Il prit en 1148. le titre d’Amir-el Memunin, (d’où l’on a fait Miramolin,) qui étoit un nom qu’Aba-Téchifien avoit pris le premier. Après avoir emporté d’aſſaut la ville de Maroc, il ſe ſaiſit d’lſaac fils d’Abraham, ſucceſſeur de la Couronne, & l’étrangla de ſes propres mains. Et parce qu’il avoit juré qu’il ne quitteroit point cette Ville, qu’il ne l’eut priſe & criblée, il fit réduire une bonne partie des maiſons en poudre, pour la paſſer par le crible. Il fit auſſi démolir le Palais des Rois, & les Moſquées : après quoi il fit rebâtir de ſomptueux Edifices, auſquels il donna de nouveaux noms : & tâcha de ſe rendre maître de toutes les provinces du Royaume des Almoravides. Mais les Vicerois & les Gouverneurs ne voulurent point ſe ſoûmettre aux Almohades ; ſi bien qu’il s’éleva pluſieurs petits Souverains. Il y avoit des Rois à Alger, à Tremecen, à Tenez, à Tunis, à Tripoli, & en d’autres villes : & outre ceux-là les Africains des montagnes firent des Seigneurs particuliers. Néanmoins Abdul-Mumen s’étant rendu maître de Maroc & de Fez, le fut auſſi en peu de temps de toute la Mauritanie Tingitane, & gagna peu à peu les Royaumes de Tunis, & de Tremecen. Mais la puiſſance des Arabes ſubſiſta toujours dans une partie du Royaume de Tunis, juſqu’au tems de Jacob Almanzor, quatriéme Roi des Almohades. En 1156. Abdul-Mumen voulant paſſer en Eſpagne, avec une puiſſante armée, mourut dans ce deſſein, que ſon fils Joſeph II. continua. * Marmol, de l’Afrique, l. 2. SUP.

ABDULUATES, c’eſt le nom, que portoient les Rois de Tremecen, deſcendus de la famille des Magazoas & des Zinhagiens, leſquels chaſſerent les Abderames de toute l’Afrique, environ l’an 986. Ils avoient été premierement chaſſez par les Romains, ils furent depuis remis ſur le thrône par la faveur des Goths, juſques à ce que les ſucceſſeurs de Mahomet s’emparerent de l’Afrique, & s’étant rétablis eux-mêmes, ils regnérent plus de 300. ans. * Marmol, li. 2. ch. 28. & liv. 5. ch. 11.

ABDUMALICH, VII. Calife des Arabes, fit déterrer le corps de Jézid, qui lui avoit diſputé la couronne, & l’ayant fait brûler, il fit jetter ſes cendres au vent, après avoir perſecuté tous ceux de cette famille, qu’il vouloit abolir. Il eut pluſieurs affaires à démêler & contre les Empereurs de Conſtantinople, & contre les autres Mahometans. Caïn Abiſpa ayant pris l’Armenie, les Princes du païs firent main baſſe ſur les Arabes. Mais Abdumalich y ayant envoyé une armée, ſous le commandement de Mahamet, il reconquit l’Armenie, & s’étant ſaiſi des plus conſiderables, il les brûla tous dans une grande tour, où il les avoit enfermez. Il mourut l’an 707. après avoir regné vingt & un an. * Marmol, l. 2. ch. 9.

ABECI, Maure d’Eſpagne, ſe mit ſur le thrône de Cordouë pendant l’abſence d’Abdulmalich, qui en étoit Roi. Il fit beaucoup de maux au païs, & ſe fit appeller Amir-el-Moſelemin, d’où nâquit la guerre des Grands en Eſpagne, parce que tout ce qu’il y avoit d’illuſtre y entra. Son competiteur qui alloit en Afrique, ayant rébrouſſe chemin, l’attaqua & le tua. * Marmol, li. 2. ch. 14.

ABE'E ou Abae, ville de la Phocide, on la croit bâtie par Abas fils de Lynceüs, qui lui donna ſon nom. Le Roi Philippe de Macedoine épargna cette Ville, en ruinant les autres de la Phocide, dont les habitans avoient pillé le Temple d’Apollon, ſous la conduite de Philomelus. Ceux d’Abée n'avoient point eu de part à ce ſacrilége. *Juſtin, li. 8. Pauſanias, li. 10. Strabon, li. 10. &c. Voyez Abas.

ABE'E, que d’autres nomment Hira, Thuria & Æpea, ville du Peloponnéſe ſur le Golfe Meſſeniaque, dit le Golfe de Coron ou de Calamata. Il y avoit un Temple d’Apollon, que Xerxès fit brûler. Moletius dit que le nom d’Abée a été changé en celui de Chiores. Sophien la nomme Calamata. *Pline, liv. 1.ch. 6. Pauſanias, li. 10.

ABEL, dont le nom ſignifie affliction, ſecond fils d’Adam & d’Eve, étoit Paſteur de troupeaux, il offroit à Dieu ce qu’il avoit de meilleur. Caïn ſon frere, s'occupant à cultiver la terre, préſentoit des fruits. Dieu témoigna d’avoir plus agréables les ſacrifices d’Abel, qui etoit un homme juſte, que ceux de Caïn, qui étoit un méchant homme. Ce dernier ne pût ſouffrir cette préference, & tua ſon frere l’an 1130. du Monde. Saint Epiphane ſoûtient contre les héretiques Sethiens, qu’Abel fut toûjours vierge. * Geneſe, 4. S. Epiphane, har. 39. Rupert, livre 3. in Gén. c. 6. &c.

ABEL, Roi de Dannemarc, étoit fils de Valdemar II. & frere d’Eric VI. lequel étant l’aîné, avoit ſuccedé à la Couronne. Abel ſe perſuada qu’il y devoir avoir part, il agit même avec tant de violence, qu’ayant gagné quelques eſprits ſeditieux, qui ſeconderent ſes deſſeins, il tua le malheureux Eric, & ſe mit ſur le thrône. Ce fut

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