Hauts et Puissans Seigneurs,
LEs Arts & les Sciences n’étant pas moins néceſſaires, pour le ſoûtien & la conſervation des États, que les Armes & la Guerre ; les Républiques bien reglées ont toûjours également favoriſé les unes & les autres. C’eſt ce que l’on a remarqué dans celle-ci, depuis ſon origine juſqu’à préſent, & à quoi l’on peut dire qu’elle eſt redevable de ſon bonheur. Par cette maxime, elle ſe trouve aujourd’hui en état de ſoûtenir glorieuſement le poids d’une guerre formidable, & de voir en même tems fleurir au milieu d’elle les Arts liberaux & méchaniques, & particulierement l’Imprimerie, qui eſt née dans ſon ſein, comme ſi nous jouiſſions d’une profonde paix. Après avoir rendu à Dieu, pour cette tranquillité, les graces qui lui ſont dûes, nous nous ſentons obligez, Hauts & Puissants Seigneurs, d’en donner la gloire à Vos Hautes Puissances, dont la ſage & infatigable application à tout ce qui regarde le bien de ces Provinces tient l’ennemi éloigné de nos frontieres, & nous garentit d’une tempête, qui ravage une bonne partie de l’Europe. Il n’y a perſonne dans cet État, qui n’en doive être plein de reconnoiſſance. Pour nous, qui, ſous l’abri d’une protection ſi puiſſante, avons oſé entreprendre l’impreſſion d’un aſſez grand Ouvrage, nous n’avons pas crû le devoir rendre public, ſans le conſacrer à Vos Hautes Puissances, comme nous le faiſons, avec tout le reſpect dont nous ſommes capables. Ces Volumes étoient aſſez conſiderables par eux-mêmes, & avoient toujours été fort recherchez. On y trouvoit les principaux évenemens de l’Hiſtoire Sacrée & Profane, & l’on y pouvoit lire ce qu’elle nous a conſervé de la vie d’une infinité de perſonnes, qui ſe ſont diſtinguées, dans tous les Siècles, par leurs actions & par leur ſavoir. On y voyoit la Deſcription des États, des Vil-
