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PRÉFACE
POUR
CETTE EDITION,

APRÈS les Préfaces, qui ont été miſes au devant des autres Editions de ce Dictionaire faites en Hollande, on n’a pas beſoin d’arrêter ici le Lecteur, par un long diſcours. On dira ſeulement, que ceux qui ſouhaiteront de voir ce qu’on a eu à dire, pour la défenſe de ces Editions contre la Critique, qu’on en a voulu faire à Paris, n’ont qu’à conſulter une Lettre inſerée dans les Nouvelles de la République des Lettres, du mois de Février 1700. On comprendra par-là la différence qu’il y a entre les Editions de Hollande & celle de France, ſans qu’il ſoit néceſſaire qu’on en parle davantage. Il a paru depuis à Paris une feuille volante, intitulée, Projet pour la correction du Dictionaire Hiſtorique de Moreri, déjà revû, corrigé & augmenté dans la dernière Edition de Paris, par M. Vaultier, & dans cette feuille on dit quelque choſe contre la Lettre, dont on vient de parler, L’Auteur s’excuſe des fautes, qu’on lui avoit reprochées, ſur ce que la reviſion du Diſtionaire de France avoit été commencée par un autre, avant qu’il y mît la main. On le veut croire, puis qu’il l’aſſure : mais il a eu tort d’attaquer, dans ſa Préface, un homme qu’il ne connoiſſoit pas, & un travail qu’il n’avoit pas aſſez examiné, ou peut-être de prêter ſa plume aux Libraires de France, pour ſoûtenir leurs intérêts, aux dépends de la réputation du Reviſeur de Hollande. S’il s’étoit tû, ou n’avoit fait que dire ce qu’il avoit fait, dans l’Edition de Paris, on n’auroit pas ſongé à dire un mot contre lui ; mais comme il a été l’aggreſſeur, il ne peut pas ſe plaindre, avec raiſon, de ce qu’on s’eſt défendu. Si l’on ne doit critiquer aigrement perſonne, on peut, ſans bleſſer les règles de la juſtice, répouſſer la Critique, quand on ne la croit pas bien fondée, C’eſt un droit naturel, qu’on ne peut ôter à perſonne, dans la République des Lettres. J’avoue qu’il doit être neanmoins moderé par l’équité, & c’eſt pourquoi on ne répliquera rien à ce que Mr. Vaultier a répondu ; pour lui faire voir que comme on ne cherche point de querelles, on n’aime point non plus à éterniſer celles, que l’on n’a point commencées.

Il vaut mieux avertir le Lecteur, que cette Edition eſt augmentée de ſix ou ſept cents Articles nouveaux, qui n’ont jamais été dans ce Dictionaire, renfermez entre des crochets, comme on s’en appercevra facilement en la feuilletant. Quoi que ces Articles ne ſoient pas longs, comme en effet ils ne le doivent pas être, dans un Dictionaire comme celui-ci, ils ne laiſſent pas de renfermer quantité de choſes néceſſaires, ſur tout concernant divers anciens Auteurs Grecs & Latins qui avoient été omis, divers Officiers des premiers Empereurs Chrétiens, depuis Conſtantin le Grand juſqu’à Théodoſe le Jeune, quantité de Martyrs des premiers Siècles, & l’avenement de pluſieurs Princes à l’autorité Souveraine. On a encore ajouté à la fin de pluſieurs Articles des citations d’Auteurs, que l’on n’avoit pas eus en main, dans le tems de la dernière réviſion. Ces citations ſont importantes, pour ceux qui voudront s’inſtruire plus à fonds des matières, dont il eſl parlé dans les Articles, auſquels elles fe rapportent. On ne peut jamais tout dire, dans un Recueuil comme celui-ci, où il y a un ſi prodigieux nombre d’Articles, & ceux qui en veulent ſavoir davantage n’ont qu’à conſulter les Originaux, que l’on cite avec ſoin, à cauſe de cela.

Jean le Clerc.