Page:Moréri - Grand dictionnaire historique, 1716 - vol. 1.djvu/38

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tes : Agonales, Quinquatries, Theſmophores. D’Edits & Loix : Henoticon, Agraria, Oſtraciſme. De Livres : Alcoran, Bible, Evangile, Deuteronome, Exode. D'Arts extraordinaires : Aëromancie. De choſes remarquables : Abadir, pierre ; Acinacis, épée ; Agapes, Coloſſe, &c. D’Animaux, Alaſtor, Cerbere, Pegaſe, Dans l'Article de Saturne, il parle de l’origine des Etrennes, & ajoûte (mais cette Diſſertation regarde un autre Livre que je pourrai donner un jour au Public.) D’où l’on peut connoître qu’il avoit fait un Projet à peu près ſemblable à celui de ce Supplément.

En effet, le veritable uſage de ce Dictionaire eſt, pour s’inſtruire à l’inſtant ſur toutes ſortes de Sujets conſiderables, ou d’Hiſtoire, ou de Science, que l’on ne trouve point ailleurs, ou que l’on ne pourroit trouver qu’après une recherche ennuyeuſe, & dans des Livres qui en parlent d’une maniere fort étendue : outre qu’il faudroit avoir en ſa diſpoſition les Bibliotheques les plus fournies, pour y chercher ce que l’on ſouhaite de ſavoir. Dans cette vûe, on s’eſt appliqué à remplir les Sujets qui ne ſont pas traitez aſſez amplement dans les deux premiers Volumes de M. Moreri ; & on a tâché de renfermer dans ce Dictionaire tout ce qui peut être curieux & digne de remarque. C’eſt à quoi ont travaillé pluſieurs perſonnes ſavantes, & très-capables d’exécuter ce grand deſſein. Les uns ont compoſé des Articles ſur les matiéres, dont ils ont fait leur principale étude : & les autres ont fait des Extraits des plus célebres Auteurs anciens & modernes, François, Latins, Italiens, &c. [Chaque Extrait eſt quelquefois tiré d’un ſeul Auteur qui a traité le Sujet à fond ; & ſouvent de pluſieurs dont on a joint les ſentimens dans un même Article.] Quelques autres ont été employez à rechercher des Mémoires anciens dans des Bibliotheques ; mais lors qu’on a voulu s’en ſervir, on les a trouvez preſque tous inutiles. Il y en a eu auſſi qui ont ramaſſé de nouveaux Memoires dans les maiſons des Particuliers, touchant les Perſonnes & les Familles. Un de ceux, qui ont travaillé à cet Ouvrage, a réduit le tout dans un ſtile uniforme, autant qu’il a été poſſible ; & a tâché de donner quelque proportion & quelque régularité aux differens materiaux, qui lui ont été mis entre les mains.

À l’égard des citations, il faut remarquer que l’on a nommé à la fin des Articles les Auteurs d’ou ils ſont tirez ; & que l’on pourroit conſulter, ſi ce qui eſt extrait ne ſatisfaiſoit pas entierement. Et quand pluſieurs Auteurs ont été de differente opinion, ou ont fait de differentes Relations ſur un même ſujet, on les a citez après la partie de l’Article, laquelle contient leur ſentiment ou leur recit.

Ceux qui voudront juger ſainement des choſes, & ſans prévention, eſtimeront ſans doute ce travail, qui eſt d’une vaſte étendue, & avoueront que cette entrepriſe demandoit beaucoup d’érudition & de bon ſens ; outre la connoiſſance des Langues ſavantes & étrangeres, pour bien faire les Extraits des Livres, qu’il a falu traduire dans les endroits que l’on a choiſis. On ne doute pas qu’il n’y ait des perſonnes d’un goût particulier, dont quelques-uns peut-être n’approuveront pas les Articles qui parlent des Choſes : d’autres ne ſeront pas bien aiſes de voir ici des noms d’Arts & de Sciences ; & d’autres ne trouveront pas bon que l’on ait inſeré dans ce Supplément des noms de Saints & de Fêtes, dont il leur ſemblera qu’on ne devoir parler que dans les Vies des Saints. À l’égard des perſonnes qui ſeront de ce ſentiment, on pourra leur répondre que chacun ne veut preſque que des Livres & des Sujets de ſa profeſſion, ou de ſon goût. Les Hiſtoriens ne veulent que des choſes qui regardent l’Hiſtoire, dont ils font leur occupation : les Geographes ne demandent que des Deſcriptions de Lieux : les Phyſiciens cherchent ce qu’il y a de rare & de merveilleux dans la Nature : les Antiquaires n’aiment que la découverte des Inſcriptions, des Medailles, ou des Manuſcrits célebres, & ce qui eſt de l’ancienne érudition ; comme l’Inſcription d’ Ælia, la diviſion de l’ Attique, les marbres d’Arondel, le fragment de Petrone trouvé en Dalmatie. Les Théologiens ſe plaiſent à l’Hiſtoire Eccleſiaſtique, & aux matieres de Religion : les Juriſconſultes s’attachent à celle du Droit, des Edits, des Ordonnances, & des Loix. Enfin les goûts ſont differens ſelon la différence des Profeſſions ou des attaches que l’on a pour quelque Science. Mais il faut conſiderer que ce Livre eſt pour toute ſorte de perſonnes, & que chacun y doit prendre ce qui lui plaît, ſans condamner ce qui plaira à d’autres. D’ailleurs n’eſt-il pas vrai que la connoiſſance des Choſes curieuſes eſt auſſi néceſſaire que celle des Perſonnes ; & qu’elles méritent leur place dans ce Dictionaire, lors principalement que leurs Articles ſont Hiſtoriques ; c’eſt-à-dire, qu’ils contiennent des Remarques priſes de l’Hiſtoire & de la Chronologie, comme on peut voir dans preſque tous les Articles des Choſes. Quant aux Saints & aux Fêtes de l’Egliſe, quelle apparence y a-t-il de vouloir connoître les illuſtres Profanes, & de rejetter les Illuſtres Chrétiens : de ſe Plaire à la lecture de l’explication des Fêtes Païennes, & de mépriſer celle des Fêtes du Chriſtianiſme, où l’on ne fait mention que de ce qui eſt Hiftorique, ſans aucune moralité, où l’on rapporte ſouvent des Diſſertations très-curieuſes, comme de S.Denys, de Sainte Urſule, &c. Je dois encore faire ici quelque réflexion ſur les Liſtes des Conciles, des Héretiques, des Perſecutions de l’Egliſe, des Rois de la Chine, des Villes de l’Attique, &c. & ſur les Articles du Chriſtianiſme, de l’Arianiſme, du Calviniſme, du Lutheraniſme, des Schiſmes, de la Ligue, des Croiſades, &c. car ces Articles pourroient paroître un peu longs à ceux qui n’en examineroient pas aſſez l’utilité. Ces Tables des Conciles, des Héretiques, & des Perſécutions, repréſentent tout d’une ſuite ce qui s’eſt paſſé de plus conſiderable dans chaque Siécle de l’Egliſe, à l’égard de ces matiéres ; & ſont comme de petits Abrégez de ces Hiſtoires. On doit dire le même des Articles du Chriſtianiſme, de l’Arianiſme, &c. où l’on voit d’abord ce qui eſt embarraſſé dans les Hiſtoires plus étendues, parce qu’elles ſont entremêlées de maniéres d’Epiſodes & d’Incidens qui interrompent la ſuite du Sujet, pour embellir l’Ouvrage par cette varieté. J’ai déja parlé de la Table Chronologique des Rois de la Chine au commencement de cette Préface, & l’on peut voir à l’Article de l’Attique les raiſons qui ont donné lieu à mettre cette eſpece de Table, qui plaira ſans doute à ceux qui recherchent l’ancienne Erudition. Il n’eſt pas beſoin de parler de la Table des Olympiades, de celle des Indictions, & de celle des Calendes : l’utilité en eſt marquée dans les Articles mêmes. À l’égard de la Fondation de Rome, dont la Table a été égarée en imprimant, on réduira aiſément les années de Rome, (que M. Moreri a ſouvent marquées dans les deux premiers Volumes,) ſi on en retranche 40. pour les ſouſtraire de 753. Ainſi l’an 41. de la Fondation de Rome, eſt l’an 713. avant Jesus-Christ : car 40. étant ſouſtraits de 753. reſte 713.

Ceci ſuffit pour donner une juſte idée de cet Ouvrage, & l’éclairciſſement que l’on a jugé neceſſaire ſur la qualité des matiéres qu’il contient.

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