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romaine, sur les points controversés entre les Luthériens et les Catholiques. Etant retourné à Constantinople, il y trouva Meletius Piga, qui y faisoit alors les fonctions patriarchales, à l’extrémité. Après sa mort, il fut élu patriarche d’Alexandrie. Il se rendit en cette ville, & en gouverna l’église pendant quelques temps. En 1612, Néophyte, patriarche de Constantinople, ayant été relégué dans l’isle de Rhodes par le grand seigneur Achmet, Cyrille fut chargé du gouvernement de l’église de Constantinople. Après la mort de Néophyte, il fut proposé pour remplir le siège de cette ville ; mais Thimithée, évêque de Patras, l’emporta. Cyrille se retira en Valachie, & de-là vint à Alexandrie. Après la mort de Thimithée arrivée en 1621, il trouva moyen de se faire élire patriarche de Constantinople la même année. Il continua d’avoir des liaisons avec les protestans, & enseigna leur nouvelle doctrine dans l’église grecque. Les évêques Grecs et le clergé s’y opposèrent : il fut dépouillé du patriarchat, & envoyé en exil à Rhodes. Anthime, évêque d’Andrinople, fut déclaré patriarche de Constantinople en sa place. Quelque temps après, l’ambassadeur d’Angleterre ayant obtenu son retour, Anthime se retira, & Cyrille fut rétabli. Quand il fut paisible possesseur du siége de Constantinople, il voulut faire imprimer des catéchismes de sa façon, on rendit publique une confession de foi, qu’il avoit faite conforme aux dogmes des protestans. En 1636 il fut relégué à Tenedos, & rappelé trois mois après ; mais il ne fut pas long-temps en repos après son retour : car dès le 27 juin de 1637, il fut enlevé de Constantinople, & étranglé, selon quelques-uns, sur le vaisseau ; & selon les autres, envoyé en prison dans un château sur la mer noire, où il fut étranglé en 1638. Il eut pour successeur Cyrille Contari, dont nous parlons dans l’article suivant, qui tient en 1638 un synode à Constantinople, dans lequel il fit anathématiser Cyrille Lucar. Ce Cyrille Contari fut relégué à Tunis, Parthenius, évêque d’Andrinople, mis en sa place. Parthenius épargna la mémoire de Cyrille Lucar ; mais il condamna sa profession de foi, dans un synode renu en 1642, dont le décret fut reçu en Moldavie, & confirmé dans le synode de Jassi. * Gautier, chron. XIV siécle, col. 4, pag. 860, 862, 864. Sponde, A. C. 1627, n. 9 ; 1638, n. 14 ; & 1639, n. 12. L’auteur de la réponse au ministre Claude, &c. Jean Claude, dans sa réponse à la perpétuité de la foi. Jean-Henri Hottinger, analecta historica theolog. Thomas Smith, abrégé de la vie de Cyrille Lucar. Défense de la perpétuité de la foi de M. l’abbé Renaudot, contre le livre intitulé : Monumens authentiques de la religion des Grecs. Bibliothéque des auteurs ecclésiastiques du XVIII siécle de M. Du Pin.

CYRILLE CONTARI, patriarche de Constantinople, naquit à Bérée, aujourd’hui Veria, ville de Macédoine : c’est de-là qu’on le nomme aussi Cyrille de Bérée. Il fit ses premières études sous la conduite d’un moime Grec, & les acheva sous celle des jésuites auquels il s’attacha. Il fut depuis nommé à l’évêché de Bérée ; & et ayant prétendu dans la fuite à l’archevévêché de Thessalonique, il voulut mettre dans son parti Cyrille Lucar, patriarche de Constantinople, qui refusa de le favoriser. Contari s’en vengea en causant beaucoup de peines à Cyrille Lucar ; & il fit même tant, qu’on chassa ce patriarche en 1635. Contari eut sa dignité de patriarche ; mais ses désordres et ses emportemens le firent bientôt haïr si fortement, qu’il fut déposé en 1636, & que Lucar fut rétabli. Contari, intriguant à l’excès, fit de nouveau chasser Lucar, et fut cause qu’on le tua. Alors il reprit le patriarchat, & et tint un concile contre son prédécesseur, comme nous le disons dans l’article précédent. Il jouit peu de sa dignité ; car l’empereur Turc étant de retour de l’expédition de Perse, ce misérable fut accusé devant ce prince de tant de crimes, qu’il fut relégué à Tunis, où on le fit étrangler. * Mémoires du temps.

CYRSILLE, Athénien, fut assommé à coups de pierres, en punition du lâche conseil qu’il donna à ses citoyens. Les Athéniens voyant qu’il leur étoit impossible de tenir bon dans leur ville contre les Perses, avoient résolu, à la sollicitation de Thémistocles, de la leur abandonner, & de mettre leurs femmes & leurs enfans en sureté dans Thrœzéne, pour monter ensuite sur leurs vaisseaux, & défendre la Gréce par mer, plus surement qu’ils ne le pouvoient faire par terre. Cyrsille voulut leur persuader d’attendre le roi Xerxès, & s’attira par cet avis l’indignation de tout le peuple, qui le lapida sur le champ, la premiere année de la LXXV olympiade, & 480 ans avant J.C. * Ciceron, au 3 liv. des offices.

CYRSILE ou CERSILE de Pharsales, auteur contemporain d’Alexandre le Grand, dans les armées de qui il servit. Il écrivit ce qu’il observa dans les pays par où il passa ; & Strabon, liv. 11, emploie ce qu’il avoit remarqué des antiquités d’Arménie.

CYRUS, roi des Perses, dont le nom signifioit Soleil, selon Ctésias, naquit de Cambyses, fils d’Achæmenès, & roi des Perses, & de Mandane, fille d’Astyages, roi des Médes, l’an du monde 3436, & avant Jésus-Christ 599. A l’âge de seize ans, étant auprès de son aïeul, il porta les armes pour la premiere fois, & eut part à la défaite d’Evilmerodach, fils de Nabuchodonosor, roi d’Assyrie, qui avoit fait des courses dans la Médie. Peu après il fut rappellé par son pere, qui le fit élever avec un soin extrême dans tous les exercices capables de former un grand prince. En l’année 3476 du monde, la seconde de la LV olympiade, & la 559e avant J.C. il prit le commandement de l’armée des Perses & de celle des Médes, pour faire la guerre à Neriglissore, roi de Babylone, avec Cyaxarès son oncle maternel. Les années suivantes, il défit Crœsus, & les autres alliés de Neriglissore, ravagea les environs de Babylone, & prit quelques places. Lorsque l’empire de Babylone eut passé à Nabonidus, Cyrus continuant la guerre, défit Crœsus, général des Babyloniens, près du fleuve Halys, sur les confins de la Médie & de la Lydie, & le fit prisonnier, l’an du monde 3491, ck avant J.C. 544. Il condamna ce prince à être brûlé ; & lui ayant fait grâce sur le bûcher, il se servit ensuite de lui dans toutes ses expéditions. Pendant son séjour à Sardes, capitale de la Lydie, il appaisa par les armes les dissensions civiles des Cariens, marcha ensuite à Ecbatane, défit par ses lieutenans les Lydiens qui s’étoient révoltés, leur interdit l’usage des armes pour les punir, & les appliqua aux exercices les plus mols & les plus infâmes. Ce fut en 3492, & 543 ans avant J.C, qu’il fournit l’Ionie, par le moyen d’Harpagus, général de ses armées. De-là il tourna encore ses armes contre Nabonidus, défit ce prince, l’assiégea dans Babylone ; & ayant pris cette ville, il éteignit l’empire des Babyloniens l’an du monde 3497, & avant J.C. 538. Il en laissa la souveraineté à son oncle Cyaxarès ou Darius Méde, dont il épousa la fille unique, & régna depuis sur l’Arabie, les deux Phrygies, l’Ionie, la Lydie, la Carie, l’Eolide, la Paphlagonie, la Cilicie & l’isle de Chypre. Enfin après avoir levé une armée de 600000 hommes d’infanterie, de 120000 de cavalerie, & 2000 chariots armés de faux, pour réduire tous les peuples qui s’étendoient depuis la Syrie jusqu’à la mer Rouge, il succéda à son pere Cambyses, & à son beau-frere Cyaxarès, qui venoient de mourir, & réunît ainsi la monarchie de tout l’Orient. La même année il permit aux Juifs dispersés dans son empire de retourner à Jérusalem, & d’y rebâtir le temple de Dieu sous la conduite de Zorobabel ; & ce fut alors que finit la soixante-dixiéme année de la servitude de Babylone. Enfin peu après la révolte d’Amasis, qui retourna en Egypte, où il se mit sur le trône, Cyrus mourut âgé de 70 ans, l’an 3506 du monde, 529 avant J.C. trente ans après avoir commandé pour la premiere fois les armées des Perses & des Médes ; neuf ans depuis la prise de Babylone, & sept ans depuis la réunion de tout l’Orient sous sa puissance. Son fils Cambyses lui succéda. Les auteurs varient extrêmement sur la maniere dont mourut Cyrus. Hérodote & Justin disent qu’ayant été vaincu par Tomyris, reine des Massagetes ou Scythes,