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Tius a donné un petit traité de lui sur la communion des Orientaux sous une seule espéce. Vossius, epist. 380. Bayle, dict. crit.

NIKEL, cherchez NYKKEL.

NIL, grand fleuve d’Afrique, appelé par les Latins, Nilus, & par les gens du pays, Taneus ou Abanki, a sa source dans la haute Ethiopie, au royaume des Abyssins. Au milieu du royaume de Gojam, qui est au douziéme degré au-delà de l’équinoctiale, vers le couchant, & dans la province de Sacahala, habitée par les Agaus, dans un champ de médiocre étendue, entouré de hautes montagnes, il y a un petit lac diamétralement large d’un jet de pierre, rempli d’arbrisseaux, qui ont leurs racines tellement entrelassées les unes parmi les autres, qu’on peut en été y marcher dessus. Au milieu de ce lac, il y a deux grandes & profondes fontaines, qui sont peu éloignées l’une de l’autre ; d’où sort une eau tout-à-fait claire, qui coule dessous ces arbrisseaux, par deux différens chemins, vers l’est, & à une portée de mousquet loin de-là, se tourne vers le nord. A une demi-lieue loin de ces fontaines, on voit de l’eau en quantité, qui forme un fleuve médiocre, qui en reçoit plusieurs autres petites. Après avoir couru l’espace de quinze lieues en tournoyant, il reçoit un autre fleuve appelé Géma, qui lui donne non seulement ses eaux, mais qui perd même son nom. Un peu loin de-là, se tournant vers l’est, il reçoit Kelti & Branti, deux autres fleuves, auprès desquels est la premiere cascade ; & plus avnt en continuant son cours vers l’est, il se jette dans le lac des Abyssins, appelé Balur Dembea ou la mer de Dembea. Après en être sorti, sans avoir pourtant mêlangé ses eaux avec celles du lac, il reçoit plusieurs autres fleuves d’une grandeur fort considérable, & même le Tekezé, près de l’Egypte. D’abord que le Nil est sorti du lac de Dembea, il se tourne vers le sud-ouest, laissant au levant les royaumes de Begamidr, de Amhara, & de Voléca ; & coulant ensuite vers le sud, il laisse au sud-est, le royaume de Sauva. Retournant de nouveau vers est-nord-est, il laisse au sud-ouest, Ganz, Gafata & Bizamo ; il passe ensuite par les terres par les terres de Gonga & Gafre, & plus avant par celle de Fascalo ; de-là il entre dans le pays des Funch, ou dans la Nubie, & de-là en Egypte. Le Nil étant tombé de la derniére cascade près d’lsvan, passe du sud au nord par un cours fort lent, mais plein de détours, se divisant un peu au-dessous de Boulac en deux grandes branches, dont l’une se va jeter dans la mer de Rosette, & l’autre à Damiette : celle-ci, à Sciobret, village situé au bord occidental du Nil, & presque à du chemin, entre Le Caire & Damiette, forme une autre branche qui se jette dans la mer à Brullos. Outre ces trois banches, il y en a encore une quatriéme qui est artificielle, & qui n’est pleine d’eau qu’environ trente jours de l’année. Cette banche commence au village Latf, qui est au bord occidental du Nil, en allant vers Rosette, à trente mille d’Alexandrie, & va jusqu’à cette ville, où les eaux se déchargent dans la mer ; & c’est par cette raison que les Egyptiens la comptent parmi les véritables embouchures du Nil. On ne sait pas si, outre ces quatre, il y en avoit encore d’autres, comme le disent Hérodote & Strabon, qui en comptent jusques au nombre de sept ; parceque l’Egypte a tellement changé de face aujourd’hui qu’on ne sait presque plus, ni les noms ni les places de ces sept embouchures, & des sept villes qui y étoient situées. Au reste, le Nil est nommé le conservateur de la Haute-Egypte, pour son débordement ; & le pere de la Basse, à cause de son limon. Il y en a qui ont soutenu, avec S. Isidore, que c’étoit le Gehon, un des quatre fleuves du Paradis terrestre. Ce fleuve se déborde ordinairement en été, pendant les grandes chaleurs, lorsque les autres rivieres sont basses : ce qui est nécessaire à l’Égypte, parcequ’il n’y pleut presque jamais. On feme la terre d’abord après la décrue du fleuve. Les anciens & les modernes ont inventé diverses raisons pour expliquer l’origine de cette merveille. Quelques-uns veulent que ce débordement soit causé par des vents Etésiens, qui s’opposant au cours du Nil, le font sortir de ses bornes. D’autres soutiennent qu’il vient de la communication de la mer. Il y en a qui estiment que le sable qui s’amasse vers ses embouchures en est la cause ; & d’autres ont cru qu’on la devoit chercher dans la terre nitreuse d’Egypte. D’autres prétendent enfin (& c’est l’opinion la mieux établie) qu’il provient des pluies qui tombent en abondance dans l’Ethiopie, pendant les mois de juin, juillet & août. Les Egyptiens idolâtres s’imaginoient que leur dieu Sérapis étoit l’auteur de ce débordement merveilleux du Nil : ainsi lorsqu’il retardoit, ils lui sacrifioient une fille, la plus belle qu’ils pussent trouver, & la noyoient, richement parée, dans ce fleuve, comme une victime qui devoit le leur rendre favorable. Cette barbare dévotion fut abolie, disent les historiens Arabes, par le calife Omar, qui se contenta d’y faire jetter une lettre, par où il lui ordonnoit de déborder, si c’étoit la volonté de Dieu. * Hérodote. Ptolémée. Pline. Strabon. Ortelius. Solin. Vossius, de l’origine du Nil. La Chambre, du débordement du Nil. Thevenot. Vattier, préf. de l’Egypte de Muret. Kircher, de l’origine du Nil. Ludolf, hist. Ethiop. Le P. Tellez, histoire d’Ethiopie. Le P. Vansleb, voyage d’Egypte. De la Chaise, histoire de saint Louis.

NIL (saint) Nilus, célébre par sa piété & par son savoir dans le V siécle, sous l’empire de Théodose le Jeune, fut disciple de saint Jean Chrysostome, & préfet de la ville de Constantinople. Sa femme & sa fille entrerent dans un monastere de Vierges, dans le même temps qu’il embrassa la vie solitaire sur le Mont-Sinaï, avec son fils Théodule. Les Sarasins y tuerent les prêtres du monastere, & emmenerent captifs plusieurs solitaires, entre lesquels se trouva son fils. Saint Nil a décrit cet accident, dans une histoire qu’il a composée. Nous l’avions autrefois dans Lipoman ; mais extrêmement délabrée. Le P. Poussines, Jésuïte, en a donné Une édition grecque & latine, en 1639, en un volume in-4º, sur un manuscrit tiré de la bliothéque de Charles de Montchal, archevêque de Toulouse. Le P. Bollandus a mis cette histoire dans sa vie des Saints, au 14 du mois de janvier. Le premier y ajouta une oraison à la louange d’Albin, fameux Anachorete. Le P. Poussines a encore donné en 1657, dans un autre volume in-4º, trois cens cinquante-cinq lettres de ce saint, qu il a tirées de la bibliothéque du grand duc de Toscane. Elles sont en grec & en latin, & les fit imprimer in-folio, l’an 1668. Nous avons dans la bibliothéque des Peres, les exhortations de S. Nil à la vie monastique, réduites en deux cens vingt-neuf articles. Nous avons aussi sa forme de priere ; mais non pas telle que Photius l’avoit vue, c’est-à-dire, en cent cinquante-trois chapitres. S. Nil fut considéré comme un des grands-maîtres de la vie spirituelle, & de la profession religieuse, sur laquelle il composa un traité intitulé, De la philosophie chré-