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rien ne lui résiste… Toi pas plus qu’une autre, tu m’entends ! Et tu me suivras, sinon je raconte partout…

— Taisez-vous, fis-je… C’est un honteux chantage.

— Chantage ou non… Je le dirai…

Et croisant les mains derrière son dos, il pivota sur les talons et s’en fut d’un pas désinvolte regarder par la fenêtre. Il me tournait le dos. Sans plus réfléchir aux conséquences de mon acte, mon geste fut plus prompt que ma pensée… À portée de ma main se trouvait cette panoplie… Je saisis la hache et je frappai… Il s’écroula sans un cri…

Je fus alors effrayée de mon acte. Je venais de tuer un homme ! On allait m’accuser… Alors je résolus d’essayer de donner le change ; de faire croire à un drame mystérieux. Je traînai le corps jusqu’au piano. Après des efforts terribles, je parvins à l’asseoir sur la banquette, les mains posées sur le clavier… Je jetai la hache auprès de lui… J’allai tirer le verrou de la porte de la cuisine pour faire croire à une effraction par cette entrée, puis j’enlevai son portefeuille et tous papiers susceptibles de dévoiler son identité et j’allai les brûler dans la chaudière du journal, sans être vue.

À partir du moment où j’étais rentrée chez moi il m’avait fallu
— Allons, dis-moi pourquoi tu l’as tué (page 30)