connaître dans ce dernier un Capitaine de vaiſſeau. A mon aſpect, Pierre s’empreſſe de m’aborder, me ſalue amicalement, & ſans me laiſſer le tems de lui répondre, il me tire tant ſoit peu à l’écart, en me diſant : « Vous voyez bien ce vieillard avec qui je converfais tout à l’heure ; j’allais de ce pas le conduire chez vous. — Préſenté de votre part, Vous ne doutez pas de l’accueil que je lui aurais fait. Je ſuis très-perſuadé que, ſans ma recommandation, vous l'euſſiez reçu avec autant de plaiſir & de politeſſe, par rapport à lui-même. Vous ne connaiſſez pas cet étranger ; je ne crois point qu’il exiſte aujourd’hui ſur la terre d’homme qui ait plus voyagé que lui ; Aucun, du moins ne ſaura piquer davantage & intéreſſer votre curioſité. Vous en jugerez, vous-même par les narrations, auſſî étendues que ſurprenantes qu’il vous fera. Je ne me ſuis donc pas trompé, puiſqu’à la première vue de cet homme, je me ſuis dit, voilà un franc Marin. Et vous êtes dans l’erreur.. Ce n’eſt pas comme Palinure, c’eſt-à-dire, en qualité de Capitaine de navire qu’il a voyagé, mais comme un autre Ulyſſe, ou comme Platon pour ſatisfaire le déſir qu’il avait d’acquérir des connaiſſances & de perfectionner ſon
