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Page:More - L’Utopie, trad. Stouvenel, 1842.djvu/103

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LIVRE I.

« Si je me levais encore, et si je parlais ainsi à ces puissants seigneurs :

— « Vos conseils sont infâmes, honteux pour le roi, funestes pour le peuple. L’honneur de votre maître et sa santé consistent dans les richesses de ses sujets, plutôt que dans les siennes propres. Les hommes ont fait des rois pour les hommes, et non pas pour les rois ; ils ont mis des chefs à leur tête pour vivre commodément à l’abri de la violence et de l’insulte ; le devoir le plus sacré du prince est de songer au bonheur du peuple avant de songer au sien ; comme un berger fidèle, il doit se dévouer pour son troupeau, et le mener dans les plus gras pâturages.

« Avancer que la misère publique est la meilleure sauve-garde de la monarchie, c’est avancer une erreur grossière et évidente ; où voit-on plus de querelles et de batteries que parmi les mendiants ?

« Quel est l’homme qui désire plus vivement une révolution ? N’est-ce pas celui dont l’existence actuelle est misérable ? Quel est