Page:More - L’Utopie, trad. Stouvenel, 1842.djvu/116

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droits pour attirer à soi autant qu’il peut, et la richesse nationale, quelque grande qu’elle soit, finit par tomber en la possession d’un petit nombre d’individus qui ne laissent aux autres qu’indigence et misère.

« Souvent même, le sort du riche devrait échoir au pauvre. N’y a-t-il pas des riches avares, immoraux, inutiles ? des pauvres simples, modestes, dont l’industrie et le travail profitent à l’État, sans bénéfices pour eux-mêmes ?

« Voilà ce qui me persuade invinciblement que l’unique moyen de distribuer les biens avec égalité, avec justice, et de constituer le bonheur du genre humain, c’est l’abolition de la propriété. Tant que le droit de propriété sera le fondement de l’édifice social, la classe la plus nombreuse et la plus estimable n’aura en partage que disette, tourments et désespoir.

« Je sais qu’il y a des remèdes qui peuvent soulager le mal ; mais ces remèdes sont impuissants pour le guérir. Par exemple :