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Page:More - L’Utopie, trad. Stouvenel, 1842.djvu/167

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esprit, nature qui se trahit aisément dans la chaleur et la liberté du repas.

« Le dîner est court, le souper long ; parce que le dîner est suivi du travail, tandis que, après le souper, viennent le sommeil et le repos de la nuit. Or les Utopiens croient que le sommeil vaut mieux que le travail pour une bonne digestion. Le souper ne se passe jamais sans musique et sans un dessert copieux et friand. Les parfums, les essences les plus odorantes, rien n’est épargné pour le bien-être et pour la jouissance des convives. Peut-être en ceci accusera-t-on les Utopiens d’un penchant excessif au plaisir. Ils ont pour principe que la volupté qui n’engendre aucun mal est parfaitement légitime.

« C’est ainsi que les Utopiens des villes vivent entre eux. Ceux qui travaillent à la campagne sont trop éloignés les uns des autres pour manger en commun ; ils prennent leurs repas chez eux, en particulier. Au reste, les familles agricoles sont assurées d’une nourriture abondante et variée ; rien ne leur manque : ne sont-