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Page:More - L’Utopie, trad. Stouvenel, 1842.djvu/201

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n’y aurait-il pas plaisir dans la santé, de même qu’il y a douleur dans la maladie ? Il importe peu à la question que la maladie soit la douleur, ou que la douleur soit inhérente à la maladie, puisque les résultats sont entièrement semblables. Soit donc que l’on envisage la santé comme la volupté elle-même, ou bien comme la cause qui la produit nécessairement, ainsi que le feu produit nécessairement la chaleur, toujours est-il que, dans les deux cas, l’homme qui jouit d’une santé inaltérable doit éprouver un certain plaisir.

« Quand nous mangeons, disent les Utopiens, n’est-ce pas la santé qui, commençant à défaillir, combat contre la faim avec le secours des aliments ? Ceux-ci s’avancent, chassent devant eux ce cruel ennemi, et inspirent à l’homme cette joie qui accompagne le retour de sa vigueur normale. Mais la santé qui prenait tant de plaisir au combat ne se réjouirait-elle pas après la victoire ? Ce qu’elle cherchait dans la lutte, c’était sa force première ; et ce résultat obtenu, est-il possible qu’elle