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Page:More - L’Utopie, trad. Stouvenel, 1842.djvu/231

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« À quoi servent les traités, disent les Utopiens ? Est-ce que la nature n’a pas uni l’homme à l’homme par des liens assez indissolubles ? Celui qui méprise cette alliance intime et sacrée se fera-t-il scrupule de violer un protocole ?

« Ce qui les confirme dans cette opinion, c’est que, dans les terres de ce nouveau monde, il est rare que les conventions entre princes soient observées de bonne foi.

« En Europe, et principalement dans les contrées où règnent la foi et la religion du Christ, la majesté des traités est partout sainte et inviolable. Cela vient en partie de la justice et de la bonté des monarques, en partie aussi de la crainte et du respect que leur inspirent les souverains pontifes. Car les papes ne s’engagent à rien qu’ils n’exécutent religieusement ; aussi, obligent-ils les autres souverains à remplir exactement leurs promesses, employant la censure pastorale et la sévérité canonique pour y forcer ceux qui tergiversent. Les papes estiment avec raison qu’il serait honteux