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Page:More - L’Utopie, trad. Stouvenel, 1842.djvu/267

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malades, jamais sur les morts, excepté le cas où le moribond quitte la vie inquiet et malgré lui. La crainte de la mort est pour eux d’un mauvais augure ; il leur semble qu’il n’y a que des âmes sans espoir et dont la conscience est coupable qui puissent trembler devant l’éternité, comme si elles sentaient déjà s’avancer leur supplice. En outre, Dieu, suivant leur opinion, ne reçoit pas avec plaisir l’homme qui n’accourt pas de bon cœur à sa voix, mais que la mort traîne en sa présence tout rebelle et chagrin.

« Ceux qui voient quelqu’un mourir ainsi en ont horreur ; ils enlèvent le défunt, tristes et en silence ; puis, après avoir supplié la divine clémence de lui pardonner ses faiblesses, ils enterrent son cadavre.

« Personne, au contraire, ne pleure un citoyen qui sait mourir gaiement et plein d’espoir. Des chants de joie accompagnent ses funérailles ; l’on recommande à Dieu son âme avec ferveur, et l’on brûle son corps avec respect, mais sans affliction. Sur le lieu de la sé-