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INTRODUCTION.

plique la foi et divinise l’intelligence humaine. Chacun est actionnaire social au même titre, parce que chacun travaille librement et de corps et d’esprit avec une égale perfection, ou du moins avec une égale ardeur.

Malheureusement ces deux hypothèses ne sont que brillantes ; et la réalité les brise comme verre.

Un peuple de Socrates est encore une chimère.

La philosophie, la raison pure n’ont rien produit, à part des livres, qui puisse faire espérer l’avènement prochain de la communauté. La philosophie a été plus stérile que le christianisme ; elle a manqué jusqu’à présent de vigueur créatrice, d’unité de principes, et d’une certaine discipline des intelligences.

D’un autre côté la vie ascétique des premiers chrétiens, cette vie suprêmement contemplative et sacrifiée, a bien pu réunir le petit nombre d’apôtres et d’adeptes d’une foi nouvelle ; mais, elle ne pouvait constituer un état normal et constant ; car elle appauvrit l’organisme, paralyse le développement de la nature sensuelle, débilite et immobilise la société politique, et compromet les destinées terrestres de l’humanité. Aussi, à me-