Aller au contenu

Page:More - L’Utopie, trad. Stouvenel, 1842.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
40
UTOPIE DE THOMAS MORUS

moi le regret de ma patrie, de ma maison, de ma femme, de mes enfants, et calma les inquiétudes d’une absence de plus de quatre mois.

Un jour, j’étais allé à Notre Dame, église très vénérée du peuple, et l’un de nos plus beaux chefs-d’œuvre d’architecture ; et après avoir assisté à l’office divin, je me disposais à rentrer à l’hôtel, quand tout à coup je me trouve en face de Pierre Gilles, qui causait avec un étranger, déjà sur le déclin de l’âge. Le teint basané de l’inconnu, sa longue barbe, sa casaque tombant négligemment à demi, son air et son maintien annonçaient un patron de navire.

À peine Pierre m’aperçoit-il qu’il s’approche, me salue, éloigne un peu son interlocuteur qui commençait une réponse, et me dit, en le désignant :

— « Vous voyez cet homme ; eh ! bien, j’allais le mener droit chez vous.

— « Mon ami, répondis-je, il eût été le bienvenu à cause de vous.