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Page:More - L’Utopie, trad. Stouvenel, 1842.djvu/52

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UTOPIE DE THOMAS MORUS

service de quelque roi. Certes, il n’en est pas un qui ne trouvât en vous utilité et agrément. Vous charmeriez ses loisirs par votre connaissance universelle des lieux et des hommes, et une foule d’exemples que vous pourriez citer lui procurerait un enseignement solide et des conseils précieux. En même temps, vous feriez une brillante fortune pour vous et les vôtres.

— « Je m’inquiète peu du sort des miens, reprit Hythlodée. Je crois avoir passablement rempli mon devoir envers eux. Les autres hommes n’abandonnent leurs biens que vieux et à l’agonie, et encore lâchent-ils en pleurant ce que leur main défaillante ne peut plus retenir. Moi, plein de santé et de jeunesse, j’ai tout donné à mes parents et à mes amis. Ils ne se plaindront pas, j’espère, de mon égoïsme ; ils n’exigeront pas que, pour les gorger d’or, je me fasse esclave d’un roi. »

— « Entendons-nous, dit Pierre, mon intention n’est pas que vous serviez un prince en valet, mais en ministre. »