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UTOPIE DE THOMAS MORUS

ver personne qui veuille accepter leurs services, quoiqu’ils les offrent avec le plus vif empressement. Et d’ailleurs, comment les employer ? Ils ne savent que travailler à la terre ; il n’y a donc rien à faire pour eux, là où il n’y a plus ni semailles ni moissons. Un seul pâtre ou vacher suffit maintenant à faire brouter cette terre, dont la culture exigeait autrefois des centaines de bras.

« Un autre effet de ce fatal système, c’est une grande cherté de vivres, sur plusieurs points.

« Mais ce n’est pas tout. Depuis la multiplication des pâturages, une affreuse épizootie est venue tuer une immense quantité de moutons. Il semble que Dieu voulait punir l’avarice insatiable de vos accapareurs par cette hideuse mortalité, qu’il eût plus justement lancée sur leurs têtes. Alors, le prix des laines est monté si haut, que les plus pauvres des ouvriers drapiers ne peuvent pas maintenant en acheter. Et voilà encore une foule de gens sans ouvrage. Il est vrai que le nombre des