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Page:More - L’Utopie, trad. Stouvenel, 1842.djvu/82

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UTOPIE DE THOMAS MORUS

condamnés reviennent à leurs anciennes habitudes. Les habitants n’en ont pas la moindre peur, et même ceux d’entre eux qui entreprennent quelque voyage choisissent leurs guides parmi ces esclaves, qu’ils changent d’une province à l’autre. En effet, qu’y a-t-il à craindre ? La loi ôte à l’esclave la possibilité et jusqu’à la pensée du vol ; ses mains sont désarmées ; l’argent est pour lui la preuve d’un crime capital ; s’il est pris, la mort est toute prête et la fuite impossible. Comment voulez-vous qu’un homme vêtu autrement que les autres puisse cacher sa fuite ? Serait-ce en allant tout nu ? Mais encore son oreille à demi coupée le trahirait.

« Il est également impossible que les esclaves puissent ourdir un complot contre l’État. Afin d’assurer à la révolte quelque chance de succès, les meneurs auraient besoin de solliciter et d’entraîner dans leur parti les esclaves de plusieurs provinces. Or, la chose est impraticable. Une conspiration n’est pas facile à des gens qui, sous peine de mort, ne peuvent se